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Interview exclusive

A.Chuchart sur les talons de S.Lundin

Grand Prix France 1958  500cc (1/2)

N’ayons pas peur des mots, nous avons assisté au plus beau et au plus complet des Grand Prix, cette saison. Le plus beau car A l’occasion de son 50ème anniversaire, le motoclub du Nord avait voulu donner un éclat exceptionnel à la seule manifestation en France qui comptera pour l’attribution d’un titre mondial dans le sport motocycliste.

Le plus complet, parce qu’avec lui les pilotes soviétiques ont fait leur entrée au sein du Championnat du Monde, ayant précisément choisi notre Grand Prix, notre pays pour point de départ dans leur adhésion effective au sein des compétitions officielles du monde occidental.

Belle récompense pour tous ceux qui, depuis des semaines, avaient donné tout leur temps, avaient consacré tous leurs moyens à la préparation de ce Grand Prix : plus de 30 000 spectateurs garnissant les enceintes, vibrant au rythme des courses, hurlant à plein gosier au passage des idoles du jour, acclamant à chaque tour l’enfant du pays, André Chuchart, licencié du club organisateur !

Ivanov, le Soviétique n'a pu se qualifier

Initiative intelligente de ce club qu’il convient de souligner, lors du passage au secrétariat, un jeu de 3 plaques de course réglementaires, peintes au n° qui leur seront attribués

Bien que le vent soit froid, le temps est à l’humidité, et, sans être boueuse (car la structure du terrain est sablonneuse), la piste parait légèrement glissante. Mais quel splendide tracé et surtout quel beau tracé naturel ! Ici c’est à du véritable motocross que nous assisterons et qui mènera les coureurs depuis une longue et large ligne de départ légèrement en dévers, tapissée d’herbe, à de multiples ascensions et descentes à pourcentage varié, tout cela entrecoupé de virages tracés sous tous les angles et semé de bosses, de crêtes en diagonale principalement vers une montée qui nous rappelle, quoiqu’en plus petit, le hill climb de Vienne Sittendorf

Des barrières partout, des bottes de paille en suffisance, une bonne largeur générale garantissent le déroulement sportif des courses comme la sécurité des coureurs et des spectateurs, au surplus assurés de pouvoir suivre où qu’ils se trouvent les évolutions des pilotes.

Jusqu’ici, les Anglais n’avaient guère brillé dans le championnat du monde 1958, où seuls figuraient au classement après les 3ers Grands Prix, Peter Taft 4pts, Smith et Draper 3pts et B.Martin 2pts. Peut être était-ce la raison pour laquelle ils étaient venus en force à Cassel ? Toujours est il que nous comptions 7 Britanniques au départ, et encore Taft (blessée aux 6 jours d’Ecosse) et B.Martin n’avaient ils pu faire le déplacement. Cette importante équipe était accompagnée de leur fameux mentor, le major Taylor.

Les Belges n’avaient pas davantage lésiné sur leur représentation dirigée par M.Vervloet : on dénombrait en effet, à côté des 3 hommes de base que sont Baeten, Scaillet et Rombauts, 5 autres inters de qualité, bien décidés à appuyer les chances de leur leader.

Chez les Suédois, seul manquait l acolyte de Lundin, Gustavsson, déjà défaillant en Suisse, comme d’ailleurs le précédent. Enfin, un lot varié de coureurs en provenance de l’étranger, parmi lesquels on retenait les noms du Hollandais Clynk, et surtout ceux des envoyés de l’URSS, Sokolov et Ivanov, dont les prestations étaient attendues avec une grande curiosité. Allaient-ils mieux faire que leurs camarades Dezhinov et Pilaev, engagés l’an dernier Laguépie.

En face de ces 27 étrangers, le clan Français se chiffrait à 8 partants, dont 5 pouvaient éventuellement obtenir un classement honorable, Robert et René Klym, Chuchart, Jacquemin et Schmid.

C'est bientôt l’heure de l’action : le départ pour la 1ère des 2 séries prévues, qui qualifieront chacune 10 partants, après 15 tours de course.

Jeff Smith est en tête du peloton libéré par le système électrique de départ feu rouge-feu vert, ici complété par un feu jaune intermédiaire, qui donne le signal de mise en marche des moteurs. Derrière lui viennent Ward, le Belge Neri, le champion du Monde Nilsson, Archer, Johansson, etc…

Bientôt, Smith fait le trou, tandis que les positions de précisent plus loin, Nilsson étant déjà remonté à la 2ème place, devant Archer, Ward, Johansson, Neri qui a du céder un peu de terrain, Cheshire, et notre représentant René Klym, qui déploie toute son énergie à se cramponner en si bonne place.

Jeff Smith, vainqueur de la 1ère série

Mais hélas, Schmid et Jacquemin tournent en queue, victimes d’un sérieux accrochage survenu lors du start. Dans la ligne droite extrêmement rapide, Rombauts avait pris la tête, immédiatement suivi par Schmid, merveilleusement parti lui aussi : malheureusement, le Belge se renversait en abordant la 1ère montée du parcours, faisant tomber sur lui notre espoir placé beaucoup trop près pour pouvoir éviter l’accident, et Jacquemin survenant alors (en bonne position lui aussi) fournissait la 3eme victime de cette chute malencontreuse. Rombauts du coup se foulait la cheville et Schmid se contusionnait mais reparti courageusement devant Jacquemin, indemne.

La course bien sûr continue, apportant un petit changement avec Archer qui échange sa 3ème place pour la seconde détenue par Nilsson, qui précède lui même Johansson, Ward assez reculé, Cheshire qui maintient sa place, le Belge Cordonnier qui va très bien aujourd’hui et tourne devant Neri qui na pas pu suivre le train imposé en tête, et René Klym qui est maintenant 9ème et se qualifiera de justesse devant un autre Belge Herman de Soete. Ivanov, le Soviétique termine 11ème.

Il ne faudra qu’un tour à Draper, étonnement rapide sur le terrain de Cassel, pour ravir à Baeten la 1ère place en seconde série. Et notre Anglais prendra très vite une avance considérable tandis que Curtis, l’excellent officiel Matchless, reviendra de la 3ème place pour ravir au Belge la seconde place.

Scaillet tourne en 4ème place et Lundin est 5ème ayant repris un peu depuis le départ et se suffisant de maintenir un faible écart sur André Chuchart, qui réduira la distance jusqu’à finir à une seconde du Suédois !

En queue, Clynk, qui a chuté dans les premiers tours semble indifférent à la position qu’il occupe, la 15ème, puis la 14ème, puis la 12ème, en fin la 11ème, celle-ci jusqu’à l’avant dernier tour. Après quoi le Hollandais volant se réveille, ouvre en grand, et saute d’un seul trait l’infortuné Sokolov (qui y perdra sa qualification en finale) et le Belge Donnay qualifié de justesse en 10ème position !

Source et photos moto revue n°1393 / RCD