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Interview exclusive

Le 2ème Championnat d'Europe de Motocross

Championnat d Europe 1953

1953, c’est l’année de Mingels ou de « bras d’acier » ou du « gros », car tels sont ses surnoms ! C’est vous dire la corpulence du bonhomme ! Il faut dire que le liégeois est un colosse de 105 kg, qui joue avec sa moto comme s'il s'agissait d'un vélo. C’est un géant de 26 ans aux bras d'acier qui est aussi un peu timide.

Premier rendez-vous : la Suisse. Plus précisément Genève et le «Circuit du bout du monde». Quelque 20.000 personnes ceinturent l'arène au moment où Anglais et Belges, qui restent les principaux antagonistes de cette bataille officielle, s'affrontent en série éliminatoire d'abord, en finale ensuite. Il fait sec. La poussière est intense. Basil Hall, l'Anglais, s'en fait un allié de choix et domine la finale au guidon de sa BSA d'usine, après avoir pris un bon départ. Mingels se défend courageusement mais ne peut mater son rival. Il se contente de la 2ème place, devançant Leloup, le champion d'Europe en titre, qui n'a pu donner le meilleur de lui-même dans des conditions de course très difficiles pour lui.

Norg, au Pays-Bas. Dimanche 14 mai. Soleil de feu. Trente mille spectateurs. Les séries apportent un seul élément positif : la révélation de Brian Stonebridge, Anglais, long, filiforme, qui deviendra plus tard l'une des vedettes de la classe des 250cc.
En finale, Mingels ne laisse à personne le soin de cueillir les lauriers. Stonebridge, le héros de la première série, est contraint à l'abandon sur ennui mécanique. Hall, le vainqueur du Grand Prix de Suisse, malade, doit renoncer avant la fin des débats. Seul Baudouin, le Néerlandais, soulevé par un public qui n'a d'yeux, de gestes et de hurlements que pour «son » pilote, résiste quelque peu au «gros». Opposition éphémère : le Liégeois, intenable, se déchaîne bientôt, fait table rase de toute opposition et termine en vainqueur devant le Hollandais. Leloup est 3ème, précédant Ward et Cox.

Mingels, en réalité fait coup double: outre la victoire du jour, il s'offre le leadership en championnat du monde. C'est lui qui vient désormais en tête devant Leloup, Hall, Baudouin et Ward.
Mingels a disputé jusqu'ici toutes les épreuves sur Matchless. Au lendemain du week-end de Pentecôte, il rompt les ponts avec les Anglais et vient se replacer sous la bannière de la FN. Un renfort important pour l'usine au moment même où sa rivale Saroléa, avec la nouvelle vague composée de Nic Jansen et René Baeten, se dresse de plus en plus en opposant valable dans le domaine du tout terrain.

Trois manches de dix tours et un classement général établi au décompte des places obtenues : le Grand Prix de France, qui innove en matière de règlement, n'en modifie pas pour autant la hiérarchie. A Lyon, le «gros» laisse tout le monde sur place dans le premier débat et gagne avec une nette avance sur Leloup. Et si, dans la 2ème confrontation Frantz surprend les Belges (Leloup et Mingels se classent dans l'ordre derrière le Français), Auguste, dans l'ultime débat, remet les choses au point. Le décompte général s'établit sans problème : 1. Mingels2. Leloup 3. Frantz 4. Archer.
Et Mingels, du même coup, fait un nouveau bond au classement provisoire du championnat d'Europe....

En fait, dès le 14 juin, Mingels est pratiquement assuré de devenir champion d'Europe en gagnant un Grand Prix d'Italie disputé sur un pa
rcours boueux au possible.. Mingels annonce la couleur en série et bat les Anglais, Archer et Cheney, pourtant supérieurs sur le papier - dans de telles conditions. Leloup l'apprend à ses dépens dans l'autre course qualificative, s'inclinant devant Hall.

Vient la finale du véritable duel anglo-belge. Et une extraordinaire démonstration de Mingels qui mène à bon port une longue bataille (plus d'une heure de course!) face à la coalition britannique. Nex est 2ème, Archer 3ème et si Leloup (4ème) et Cox (6ème ) sont bien placés aussi, Cheney (5ème ) et Hall (7ème) complètent le bon résultat d'ensemble des Britanniques. Une précision: les chronos accordent le tout le plus rapide (4min. 28s.) à Mingels. La confirmation de l'indiscutable autorité du «gros ».


Publicité FN célébrant les titres

Après le grand prix d'Angleterre, disputé le 5 juillet à Brands Hatch et où les Britanniques monopolisent les premières places (1. Stonebridge2. Hall3. Ward4. Rickman), voici le Grand Prix de Belgique.

Le rendez-vous est fixé une fois encore à Namur sur le circuit de la Citadelle où Mingels n'a jamais réussi, jusqu'ici, à décrocher la victoire.

Chacun s'accorde à le considérer comme le grand favori d'autant que la FMB, elle aussi, a décidé d'innover en matière de programme. Elle renonce en effet aux classiques séries qualificatives... qui n'éliminent pas grand monde pour proposer au peloton une course unique sur 18 tours soit quelque 65km de tout terrain. Une formule qui doit permettre à l'homme qu'est Mingels de s'offrir enfin ce succès auquel il aspire depuis tant d'années.

Le sort, toutefois, en décide autrement. Premier handicap: le «gros» part mal. Il fonce pour redresser la situation et dès la fin du premier tour, il a fait main basse sur la 3ème place. Il n'ira pas au-delà. Au 5ème tour, le moteur bafouille, s'arrête : panne d'essence! Le réservoir de la FN, fêlé, a laissé échapper le précieux carburant...
Deux autres malchanceux. D'abord Nic Jansen. Il chute alors qu'il semble avoir course gagnée, ayant inscrit le record du tour à son actif. Il remonte en machine, se bat avec courage, jette toutes ses forces dans le duel qui l'oppose à René Baeten. En vain.
..Le Campinois, qui a été le principal bénéficiaire, avec Victor Leloup, de la culbute de Nic, file au but sans avoir à s'employer outre mesure, le Liégeois terminant 2ème.

Ensuite Victor Leloup. Il a la victoire en main lorsque Jansen va au tapis. Mais au 16ème des 18 tours prévus, il fait la pirouette à son tour. C'est non seulement son espoir de vaincre à Namur qui s'envole mais aussi ses dernières chances de conserver son titre européen qui s'estompent.

Il échoue finalement à la 3ème place derrière Baeten et Jansen mais devant Van Heuverswijn et Collée. Cinq Belges aux cinq premières places. Basil Hall, 6ème, est le premier étranger...

Le sacre officiel de Mingels s'opère une semaine plus tard à Ettelbrück sur le redoutable circuit «An der Bruchen », avec son impressionnant «trou du diable» et la traversée des eaux de la Wark.
Le« gros» veut coiffer la couronne tout auréolé d'une nouvelle victoire. Sur le circuit brûlé par le soleil, dans une poussière qui incite les plus sages à rouler à leur main, Mingels se lance résolument à la poursuite de Leslie Archer, qui a pris la tête dès l'envol. A cinq tours de la fin, Mingels redouble d'effort. En vain, Archer est fort, très fort, et l'avantage de rouler en tête joue un rôle incontestable. Le Belge, dès lors, se calme. D'autant qu'une 2ème place lui suffit pour asseoir sa suprématie.
Cette 2ème place, il la conserve aisément jusqu'au terme des débats, laissant Leloup, Baeten, Jansen et Phil Nex loin derrière lui.

Fin août. La Suède accueille les moto
-crossmen européens pour le Grand Prix mais aussi pour le Moto-cross des Nations. En vedette : René Baeten, irrésistible à Saxtorp où Mingels termine 7ème seulement et Leloup 8ème.

Source : W.Schwilden « 21 titres mondiaux pour nos champions de motocross »