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Interview exclusive

Champion de France National 500 en 1966

Franck Lucas
Motocross History : De quand datent vos débuts ?

C’était en 1951, j’avais 18 ans. J’ai commencé à rouler dans une attraction qui s’appelait : le mur Australien ! C’était une cuve à l’intérieur de laquelle on tournait (vélo, moto). J’étais cycliste au départ, puis j’ai appris la moto. Nous tournions avec des Monet-Goyon. J’étais employé dans ce spectacle puis je me suis associé avec le patron. Un jour nous étions à Albi pour une fête foraine et il y avait une course de motocross. C’est là que la passion est venue. J’ai acheté une moto (une Royal Enfield 350) et j’ai pris une licence. Après j’ai acheté une 500 cc

Quelle fut votre 1ère course ?

Ma 1ère course fut à Château du Loir en 1958. C’était pour les qualifications du Championnat de France, mais je me suis fait éliminer.

Vous marquez 2 pts au GP d’Espagne en 1962, quel effet cela vous a procuré de scorer en Championnat du Monde

Je termine effectivement 5ème devant des grand noms : Hallman, Valek, Pilar, Erola, Betzelbacher, Cizek, Petterson, Specht. Puis je termine 14ème en Suisse, 9ème (2ème français) au Grand Prix de France à St Quentin et 14ème en suède

Avez-vous effectué une saison complète de Grand Prix ?

Non car la Fédération ne nous aidait pas et il n’y avait pas de prime en Grand Prix. Par contre en cross inter, oui. C’est ce qui nous permettait de nous en sortir.

Quels ont été vos plus lointains déplacements et comment étiez-vous organisé

Suède et URSS (dont en Lettonie et Estonie). Je me débrouillais tout seul à mes frais avec ma remorque. Sauf en URSS, un voyage organisé par RC.Delfosse et la Fédération Soviétique.Ce fut une épopée ! Nous aurions du courir à Leningrad, mais nous sommes arrivés le lendemain à cause du retard pris en Allemagne de l’Est à cause des visas ! A Tallin, j’avais roulé 5 tours puis ma commande de gaz s’était bloquée. J’ai abandonné. A Riga, 250 000 spectateurs étaient attendus !! J’étais tombé malade quelques jours avant et n’étais pas vraiment en forme sur ce difficile circuit : 2km de dunes, virages et obstacles. Pendant la course, j’étais sans forces, ma moto pesait une tonne, je chutai s 3 fois par tour. J’abandonnai encore. Mais le voyage fut fabuleux !

Quelle est votre meilleure course ?

Je dirais plutôt meilleur souvenir. Un cross inter à San Sebastian en Espagne. Je l’ai gagné. Il n’y avait pas forcément de grosses vedettes mais de bons inters, notamment les pilotes espagnols Bulto, Sanchez et Soler. J’ai remporté les deux manches. Sur le podium, à entendre la Marseillaise, j’avais les larmes aux yeux. Et puis autre bon souvenir la course de Tarare en 1966 qui m’a amené le titre !

Aviez-vous un circuit préféré ?

J’aimais bien les circuits du sud ouest, rapides. Mais aussi deux en Normandie Thomer et Tribehou. D’ailleurs j’y ai noyé le moteur de ma 500 Triumph une année. Il y avait eu des trombes d’eau et une flaque a eu raison de mon moteur !

Etiez-vous professionnel ?

Non pas vraiment, je travaillais au garage de mon beau-père. Mais j’avais quand même quelques latitudes ! Quand il y avait des courses, je partais le vendredi et revenais le lundi.

Quel métier exerciez-vous ?

je travaillais au garage de mon beau-père, puis j’en suis devenu propriétaire. En 1960 j’ai rencontré Mr Bulto de chez Bultaco et je suis devenu importateur. Au début il ne s’en vendait pas beaucoup mais en 1976, j’en vendais jusqu’à 3000

  • (Franck Lucas touche à tout : motociste, pilote vitesse, trial, aventurier de l'extrême)
  • Que vous a procuré le titre de 1966 ?

    Ca fait plaisir. Même si c’est un titre national, cela reste un aboutissement d’une saison. Au début il y a les éliminatoires, les sélections. Il y avait beaucoup de pilotes au départ, puis nous étions 20 pour le championnat. C’est une belle prouesse. Mais je n’ai pas eu plus de notoriété que cela. Ce fut un sentiment personnel agréable. Par contre sur le plan commercial, cela a été un plus.

    Était-ce une belle époque ?

    Ah oui, ah oui, c’était une époque fantastique. On pouvait entreprendre. La trentaine, c’est la meilleure période !

    Que faisait Serge Bacou avec vous ?

    Il s’occupait des importations. C’était quelqu’un d’intéressant, d’intelligent. Il aimait bien roulé en Espagne, il y allait souvent. Avec Jacky Porte, ils ont sonné le glas des 4 Temps. Serge était officiel Bultaco, il a battu Nicoll et Lee ! Qu’est ce que l’écurie « Tigre » ?

    C’est un team que j’avais crée aves les frères Portal en 1966. On a eu deux titres quand même ! Denis Portal en 250 avec la Bultaco et moi en 500 avec la Métisse.

    F.Lucas avec son aimable autorisation.