Motocross History : Comment êtes-vous entré dans le monde de la moto ?
Jean-Pierre Mougin (JPM) : Grâce à la famille Jolicor du Motoclub de Sochaux. J'allais avec eux la semaine pour les voir faire la mécanique sur une une 175 Peugeot. J'avais une mobylette, je faisais un peu le fou sur la route, je l'avais gonflée, j'allais à 100 km/h !! Et puis , avec mes parents, je suis allé voir des courses de motocross à Beaulieu-Mandeure et à Vesoul. Je me rapelle de Gilbert Brassine et Leslie Archer avec le drapeau anglais dans le dos ! Ca m'a donné envie de faire moi aussi du motocross.
Quand êtes-vous monté sur une moto pour la première fois ?
JPM : En 1966, sur une Peugeot amélioré. Je faisais cela en cachette sans que ma mère ne le sache. Ma grand-mère m'avait donné 500 FRF à l'époque (76€) pour m'acheter ma moto. J'avais une Peugeot 350 bicylindre 2 temps. Je l'avais préparé avec une nouvelle fourche Horex à l'avant, des amortisseurs Koni à l'arrière et j'avais travaillé le pot et le cylindre. elle était passé de 18cv à 38 cv !!
Vous souvenez-vous de votre première course ?
JPM : Oui, c'était à Epinal en 1966 à l'occasion d'un cross inter 500cc. J'ai fait un demi-tour, je me suis retrouvé à terre et j'ai arrêté là , ma première course !
A ce moment-là , votre mère était au courant ?
JPM : Oui, là , elle l'était !
Comment arrivez-vous dans le grand bain des championnats de France ?
JPM : J'ai participé aux qualifications à Cognac en 1969. J'y étais allé avec Joël Corroy et ma 403 Peugeot. J'ai gagné la qualification et j'ai intégré le team Maïco de Marius Soulignac. D'ailleurs, à la fin de l'année à Beaucaire, nous avions battu le record d'endurance pendant six heures avec Claude Bernardini et les frères Portal, Denis et Gilles.
Puis vous devenez Champion de France junior l'année suivante. Quelle sensation vous a procuré ce titre ?
JPM : C'était sublime ! On court tous pour avoir un titre
Comment s'est déroulé le championnat ?
JPM : Ce fut un championnat assez serré, il y a eu six vainqueurs d'épreuves différents. J'étais en tête avant la finale de Vaulx-Milieu. Malheureusement, j'ai cassé lors de cette finale. Mais j'ai remporté le titre !
Quels étaient vos adversaires ?
JPM : JM.Baron, les frères Francru, P.Dehan.
Et la suite de votre carrière ?
JPM : En 1971, je suis en 250 Inter et je termine douzième, l'année d'après je change de catégorie sur 500 Maïco et je me classe huitième. Tout comme en 1972, 1973 et 1975. En 1973, je prends une manche à Serge Bacou ! C'était à Avesnes sur Helpe. Il était venu me féliciter ! Après un passage chez Husqvarna entre 1974 et 1976, j'ai terminé ma carrière sur une KTM de 1977 jusqu'en 1980.
Avez-vous roulé en Grand Prix ?
JPM : Non, jamais.
Quel fut votre plus lointain déplacement ?
JPM : En Suisse. Vu que j'habitais pas loin, j'y ai beaucoup roulé. J'ai participé au championnat suisse. Et j'ai roulé un peu en Allemagne également.
Quels étaient vos circuits favoris ?
JPM : J'aimais bien les circuits de terre, traditionnels, comme, Villars, Cassel, Lavaur. Je n'aimais pas les circuits trop pierreux comme Cognac, Bedarieux ou Sainte-Cécile les Vignes.
Quelles étaient vos forces ?
JPM : Je roulais très bien dans la boue, quand j'étais en tête et que la moto ne cassait pas, je gagnais souvent. Je n'étais jamais découragé, j'avais toujours le sourire envers mes collègues et les organisateurs.
Avez-vous vécu de votre passion ?
JPM : Ca faisait l'appoint, jusqu'à la fin de mes études d'ingénieur en 1971. J'avais un contrat avec Castrol, des primes de départ, des prix pour les courses. A Corcieux je me souviens avoir eu 1000 Francs (150€). Lors d'une victoire à Nancy au cross inter, j'ai touché 5000 Francs (750€) !
Qu'avez-vous exercé comme métier après la course ?
JPM : J'ai été ingénieur automobile chez Peugeot-Citroën. J'y ai effectué toute ma carrière.
Tout en étant président du motoclub de Villars ?
JPM : Oui, j'ai été président du motoclub depuis ses débuts jusqu'en 1990. Nous l'avons crée en 1968 avec une association de quarante-cinq personnes dont sept pilotes. Pour le circuit, nous avons essayé plusieurs endroits et finalement nous nous sommes établis sur le site de la Versenne. Nous l'avons construit de toutes pièces. Mais en 1975, à cause de la construction de l'autoroute, nous avons du déplacer le circuit. Nous avons pu le reconstruire grâce à une indemnité de la société d'autoroute et à un conducteur de bulldozer mis à notre disposition par APRR car les travaux étaient très importants.
Combien d'années avant, avez-vous décidé d'organiser le Motocross des Nations 1988 ?
JPM : Nous avions organisé en 1982 le Grand Prix de France 500cc et fort de cette expérience, en 1985-86, nous avons décidé de nous lancer. Ce fut une grande aventure ! Nous avions innové : des barrières blanches autour du circuit, un responsable de communication, Pascal Haudiquert, France Moto était sponsor de l'événement, un questionnaire d'évaluation, une conférence de presse avec les trois pilotes français et un journal local. Ca a marqué le renouveau des Grand Prix en France.
Qu'avez-vous fait le jour de la course ?
JPM : Le président de la commission de motocross à la FIM, Tage Magnusson avait complètement confiance en moi, mais je n'avais pas su déléguer, je courais partout ! Et j'ai mis plusieurs semaines pour me remettre complètement de la pression de l'événement !
Quelle est votre plus belle satisfaction ?
JPM : Les 28 000 spectateurs payants le dimanche des Nations et voir Jean-Michel Bayle doubler les pilotes un à un et terminer deuxième derrière Ron Lechien !
Comment êtes-vous devenu président de la FFM ?
JPM : Je suis entré en 1980 à la commission de motocross. Raymond Glaus, qui était de ma région, en était président. J'ai été délégué sur le Championnat 125 Inter pendant quatre ans, puis président de la commission entre 1984 et 1989. J'ai été ensuite Président de la Fédération de 1989 jusqu'en 2008.
Quelles ont été vos meilleures actions pour la moto en général ?
JPM : La mise en place des Equipes de France. La première a été celle d'enduro avec la SIMA et l'Armée de Terre, puis la vitesse avec Marc Fontan, le motocross avec Jacky Vimond et enfin le trial avec Thierry Michaud. Une autre satisfaction est d'avoir doublé en dix ans le nombre de licences, le budget de la FFM et son nombre de salariés.
Et pour la moto tout-terrain ?
JPM : c'est peut-être passé un peu inaperçu, mais en 2005 nous avons sauvé l'enduro du Touquet, son nom à l'époque. ASO avait décidé de se retirer suite à une mésentente avec la mairie du Touquet. Nous avons organisé la réunion de la dernière chance à la FFM trois semaines seulement avant la date. Devant de nombreuses pressions, l'annulation était pratiquement acquise, mais cet enduro du Touquet était un important symbole pour la moto en France et si nous n'avions rien fait, cela aurait donné raison à tous les détracteurs et sonné la fin des courses de sable. Finalement, nous avons maintenu l'épreuve contre l'avis du Ministre des sports et du Préfet. Le parcours a été un peu déplacé et le nom a changé : Enduropale.
Après le niveau national, vous grimpez à l'échelon international ?
JPM : je suis rentré à la commission technique de la FIM en 1985 et un an après, j'étais membre de la commission de motocross. A partir de 1995 et pendant quinze ans, j'ai été vice président de la Fédération Internationale Motocyclisme. Au niveau international, j'ai aussi été le Président fondateur de l'UEM (Union Européenne de Motocyclisme) de 1996 à 2002 et Président de l'AMM (Association Méditerranéenne de Motocyclisme) de 1993 à 1997 et depuis 2012.
Parmi tous les pays visités, lequel vous a le plus plu pour ces organisations de motocross ?
JPM : J'ai bien aimé Holice en Tchécoslovaquie (République Tchèque). C'était un circuit naturel avec un bâtiment au centre du terrain. Je me souviens aussi des barrières autour du parc coureurs et du troc qui s'y opérait : tee-shirt, pin's. Au rayon souvenirs, je me souviens aussi du Grand Prix d'URSS (Russie) à côté de Leningrad en 1985. La grille de départ mesurait un mètre de hauteur. Des spectateurs avaient envahi le circuit le samedi et suite à une décision des autorités locales, on a vu arriver le dimanche 5000 militaires pour rétablir la situation.
Et aujourd'hui que faîtes-vous ?
JPM : je suis vice président délégué du CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français) en charge de l'emploi, de la formation et des relation avec la télévision J'ai été le secrétaire général du CNOSF de 2009 à 2013. Je suis également Président du Groupement National des circuits automobiles et centres d'essais industriels en France (GN CACEIPEA). Enfin je suis toujours très impliqué dans le moto-cross et j'aide actuellement le motoclub de Villars pour réussir la finale de la saison de MXGP en septembre prochain, à Villars-sous-Ecot pour le Grand Prix du Pays de Montbéliard. Comme vous le voyez, je suis toujours très actif !
Palmarès
Champion de France Junior 1970