En 1957, j'étais licencié au club d'Alvbygdens et mon copain de club, s'appelait Raymond Sigvardsson. Il avait beaucoup roulé à l'étranger, je me suis dit que cela serait amusant d'essayer de l'imiter. Deux ans plus tard, avec un autre ami Stig "Spisen" Johansson, nous avons envoyé des demandes d'engagement à des motoclubs français.
A l'approche des vacances d'été, n'ayant pas reçu de réponse j'avais décidé de démonter le moteur pour une révision. Puis un mercredi, nous avons reçu une lettre confirmant notre participation à deux motocross en France avec un intervalle de 2 semaines. Et la première course avait lieu dimanche, dans quatre jours ! Je suis allé voir Stig et lui ai demandé comment nous allions faire. Il me dît : "pas de problème, je viens te chercher demain midi." Je suis rentré chez et j'ai appelé mon ami "Mutter-Kjel" pour remonter le moteur. Le lendemain, Stig était à l'heure avec sa fille Berith et Ulf Bergand, un apprenti à qui Stig avait promis de l'accompagner. Mes parents étaient en vacances, j'ai dû leur écrire un mot indiquant que j'étais parti en France pendant trois semaines !
La maison de mes parents dans laquelle, j'ai laissé mon mot d'absence !Nous sommes allés à Helsinborg pour prendre un ferry vers Helsingor au Danemark, puis nous avons roulé jusqu'à Gedser, pour prendre un autre ferry Grossenbrode en Allemagne. La ligne de Rodby à Puttgarden était indisponible à ce moment-là. Je me souviens de l'abondance de nourriture sur le ferry ! Une fois débarqués, nous avons essayé d'aller le plus loin possible jusqu'au sud d'Hambourg. Nous avons dormi sur un parking de l'autoroute. Berith a dormi dans la voiture et nous avons étalé une bâche dans une espèce de fossé, puis nous avons installé nos sacs de couchage puis nous nous sommes recouverts d'une autre bâche. Nous n'avons eu aucun problème de sommeil !
Nous avons été réveillés par le trafic qui commençait à devenir intense. Nous avons réussi à faire du feu avec de l'alcool ménager pour nous faire chauffer du café, juste avant de partir. Ce fut une journée longue et moite. Quelqu'un se souvient peut-être de l'été 1959 ? Nous avons traversé l'Allemagne via Francfort et Sarrebruck, puis Sarreguemines en France. Nous avons campé près du circuit qui n'était qu'à quelques kilomètres. Stig y était déjà venu l'année précédente et se souvenait que le camping était agréable avec un ruisseau qui coulait à travers le camping.
Samedi, nous sommes allés voir le circuit à Bitche et nous avons vu l'affiche du motocross. Nous nous sommes demandés ce que nous faisions là, car pas moins de 14 nations différentes étaient représentées. Je ne savais pas qu'il y avait autant de pays qui pratiquaient le motocross. En tout cas, c'est ce qu'annonçait l'affiche. Le circuit était proche d'un château sur une colline, je n'avais jamais vu de telles descentes. Comme c'était raide, la montée était en zigzag. On empruntait un petit bout de route également ! Nous avons retrouvés d'autres pilotes suédois : Raymond Sigvardsson, Arne Larsson, Valter Andersson, Bengt Karlsson et KG.Akerblom. Il y avait beaucoup d'Anglais dont Phil Nex et Eric Cheney, mais pas les meilleurs français, car ils avaient une épreuve du championnat national
Le lendemain, c'était la course. Après l'entrainement, nous avons pris une collation et Stig a pensé que pourrions peut-être boire du vin, comme le faisaient les Français. L'année précédente, Stig avait eu mal au ventre avec de l'eau courante et avait dû se diriger dans les buissons, rapidement après la course. C'est pour ne pas se risquer une deuxième fois, que Stig proposa du vin. Je pense que personne d'entre nous en avait pris auparavant. "Diable, ça tourne !" avons-nous crié ! Si les Français en buvaient, c'est que nous pouvions en faire de même, mais ce ne fut pas le cas !
Je couru lors de la première manche qualificative où les cinq premiers se qualifieraient pour la finale. En fait, ça a dépassé mes attentes. J'ai pris un bon départ et curieusement et j'ai terminé troisième derrière P.Nex et R.Sigvardsson et devant Stig, cinquième. Nous étions qualifiés tous les deux pour la finale. En finale, ce fut moins performant. La piste était plus rapide et il y avait plus d’ornières. J'ai eu un problème de moteur en descendant la colline, puis j'ai eu du mal à redémarrer la moto. Stig a dû terminer 6è et moi 8è. J'avais eu une prime de départ de 4 000 Francs (610 euros) soit 400 couronnes. J'ai retrouvé chez mes parents une lettre que j'avais écrite. Je leur demandais de prévenir mon responsable d'atelier afin de demander 1 jour de congés supplémentaire afin de rentrer à temps et d'effectuer un versement de 400 couronnes pour une voiture que j'avais achetée. Pour la victoire finale, Raymond avait remporté l'épreuve, devant peut-être Phil Nex, mais je n'en suis pas sûr.
L'attelage de Stig pour notre périple !Stig avait obtenu un engagement pour le week-end d'après à Epinal, mais il n'y avait plus de place pour moi. Nous sommes restés à notre camping de Sarreguemines pendant quelques jours pour réparer nos motos et nous détendre en nous baignant dans la rivière couleur argile. C'était différent de l'eau salée et limpide de nos côtes. Puis, nous sommes allés à Epinal, dans un autre camping. Je me souviens que notre appareil pour faire la cuisine avait des problèmes et nous le maudissions de temps en temps. Stig en a eu marre un jour et l'a balancé ! A au moins 25 mètres ! Heureusement, il n'y avait pas grand monde dans le camping ! Je suis allé la ramasser et bizarrement, elle a fonctionné jusqu'à la fin du séjour ! Parfois un bon vol plané peut avoir du bon !
Mon ami Stig.Les courses se sont bien déroulées pour Stig et mieux encore pour Bertil Andersson, un ami de notre motoclub. Il avait emmené en plus de Ariel 500, deux motos donc celle de son cousin Bengt Ryberg. Bertil avait remporté toutes les manches en 250cc et 500cc. Incroyablement impressionnant ! Après Epinal, nous sommes allés au Mont-Noir pour la dernière course de notre tournée. Nous étions arrivés le jeudi et une personne nous a montré où serait le circuit, car il n'y avait rien ! C'était un pré où les vaches se trouvaient d'habitude. Ce n'est que le vendredi que des personnes sont venues installer des clôtures. Malgré le peu de prix à l'arrivée, ce fut une bonne épreuve aussi grâce à la prime d'engagement.
Les années suivantes, il y eut beaucoup de concurrence étrangère. C'était difficile de trouver un emploi fixe et don des vacances. Donc les courses étaient un moyen de concilier motocross et congés. Je terminerais en disant que je n'ai jamais été une star, mais ce fut une période amusante. A propos, à Motala, il y avait un homonyme, qui était bien plus connu que moi !Source et photos : Lars Gustafsson.