Motocross History : Comment êtes-vous entré dans le monde de la moto ?
Christer Hammargren (CH) : En 1953, quand j'avais huit ans, j'ai assisté a une course de motocross par équipe a Skillingaryd.
Quand êtes-vous monté sur une moto pour la première fois ?
CH : Quatre ans plus tard en 1957. C'était juste un entraînement, pas une compétition. Je suis un garçon de la ferme, je m'étais construit une piste de motocross a la ferme et je m'y entraînais.
Vous souvenez-vous donc de votre première course ?
CH : Ma première course en championnat a eu lieu en 1964 pour le compte du championnat junior, a Saxtorp dans la province de Scanie.
Comment vous sentiez-vous avant cette course ?
CH : J'étais serein.
Vous souvenez-vous de votre premier Grand Prix ?
CH : Oui c'était a Hedemora pour le Grand Prix de Suède en 500cc en 1967. J'avais eu une invitation pour y participer, car je revenais de blessure. J'ai terminé 2ème derrière Dave Bickers, après avoir gagné la première manche ! Puis j'ai fini 4ème dans la seconde.
Dans que état d'esprit étiez-vous ?
CH : Je n'étais pas confiant, car c'était ma première compétition après avoir été blessé et platré du dos pendant huit mois. Je suis peut-être allé une cinquantaine de fois chez mon chiropraticien avant que mon dos ne guérisse et soit opérationnel !
En 1967, donc, vous marquez vos premiers "gros" points avec deux deuxièmes places en Suède et au Luxembourg. Auriez-vous pu gagner ces Grand Prix ?
CH : Oui, car je n'étais pas très loin de D.Bickers.
En 1968, vous êtes ex-aequo avec Ake Jonsson (5 points chacun), mais vous ne terminez que 2ème du Grand Prix de Suède. Ce fut une déception ?
CH : Oui, j'ai été un peu déçu. Je me souviens avoir eu un problème mécanique, j'étais crevé de l'arrière. En deuxième manche, j'étais vraiment fatigué dans le dernier tour et je n'ai pas pu remonter juste une place pour m'assurer la victoire finale.
Ce fut quand même une satisfaction, car une semaine plus tôt, vous vous étiez fait mal ?
CH : Oui, a Gallarate en Italie, j'étais tombé en première manche et je m'étais retourné le bras, je n'avais pas pu rouler en seconde manche.
En 1969, vous terminez 5ème du Grand Prix de France a Laguépie. Quel souvenir en avez-vous ?
CH : Je me souviens plus du circuit que de la course, car je l'aimais bien. En 1967, j'y avais disputé ma première course internationale a l'étranger et j'avais terminé deuxième !
En 1970, vous avez remporté votre premier Grand Prix a domicile en Suède. Quel sentiment cela vous a procuré ?
CH : C'est très agréable !
Quel souvenir en avez-vous gardé ?
CH : Le souvenir qu'il me reste, c'est que Bengt Aberg et Arne Kring étaient devant moi. Ils sont arrivés sur le double saut et il se sont accrochés ! Ils sont tombés tous les deux et j'ai sauté entre eux deux, la où ils étaient au sol sur la butte. Je leur ai crié : "vous pouvez restés allongés, j'ai gagné la course et le Grand Prix ! "
Comment étaient les supporters ?
CH : Très sympathiques.
Comment avez-vous fêté la victoire ?
CH : J'ai partagé cette victoire avec les fans.
Qu'est-ce que cela fait d'appartenir au club des vainqueurs de Grand Prix ?
CH : C'est vraiment un grand moment !
Cette année-la est la meilleure en terme de classement puisque vous finissez 5è au classement final. Auriez-vous vu terminer 3è et décrocher la médaille de bronze ?
CH : J'ai terminé 4è brut et 5è net. J'aurais peut-être pu dépasser P.Friedrichs, mais B.Aberg, A.Kring et A.Jonsson étaient trop loin au classement.
1971 est encore une bonne saison avec des 3ème et 4ème places, notamment a Schweryn en Allemagne de l'Est. Comment étaient ces Grand Prix ?
CH : C'était un beau circuit et un Grand Prix bien organisé. Je m'étais entraîné avec P.Friedrichs et H.Hoppe. J'avais déja terminé quatrième en 1969 sur le même circuit.
Vous avez roulé plusieurs fois, derrière le rideau de fer. Comment était-ce ?
CH : Je n'ai jamais eu aucun problème aux frontières. J'ai toujours été étonné par le nombre de spectateurs, jusqu'a 150 000 ! L'ambiance était spéciale et je me souviens que j'avais pu me promener dans Berlin-Est, mais j'avais été contrôlé par la police. J'avais montré une carte, mais la police avait quand même appelé M.Rams, le chef du Ministère des Sports, que j'avais rencontré, afin de vérifier et de résoudre le contrôle. Je m'entendais très bien avec Paul Friedrichs. Nous avons bien rigolé ensemble.
Vous aviez pu parler avec les supporters ?
CH : Oui, sans problème. Je me souviens avoir discuter avec une femme, Madame Fierk, dont le père possédait une brasserie a Schweryn, que le régime de l'entre deux guerres avait réquisitonné.
En 1972, vous passez chez Yamaha, pourquoi ?
CH : Je voulais changer. Comme j'étais un des deux pilotes de l'usine, je suis resté trois mois au Japon pour mettre au point la moto.
Comment s'est passé ce séjour au Japon ?
CH : A l'arrivée, il y avait eu un peu de confusion ! A l'aéroport quand nous avons passé la douane, avec Torsten Hallman, il y avait une équipe de télévision qui était la pour nous interroger et nous filmer. Au début nous avons cru que c'était une blague orchestrée par de faux journalistes, mais ensuite j'ai reconnu un journaliste qui était de tous les Grand Prix en Europe. Ce fut une expérience amusante !
Mis a part la Suède, votre meilleur score, avec 4 points, est a Namur. Aimiez-vous ce circuit ?
CH : C'était un circuit accidenté, très difficile a piloter.
En 1973, vous commencez bien la saison en gagnant la première manche a Tarare en France ?
CH : Oui, j'étais au top de ma forme, j'ai gagné la première manche. Malheureusement, dans la seconde, mon embrayage a lâché sur la grille de départ. Je n'ai pas pu défendre mes chances pour la victoire finale.
Vous avez été proche de remporter le Grand Prix de Finlande a Tikkurila. Etiez-vous un bon pilote de sable ?
CH : Oui et en plus je prenais de bons départs. Quand c'était une piste de sable ou qu'il y avait de la pluie et un sol glissant, j'étais très a l'aise. Lors de ce Grand Prix, je termine a égalité de points avec J.Van Velthoven.
En 1974, vous changez de marque pour aller chez Kawasaki, pourquoi ?
CH : J'y avais un meilleur contrat !
Vos résultats sont meilleurs en 1975 plutôt qu'en 1974. Avez-vous eu besoin de vous adapter ?
CH : Oui, j'ai toujours eu besoin de m'adapter a ma nouvelle moto. Pareil quand je suis passé chez Yamaha.
En 1975, vous êtes proche de gagner le GP d'Italie (1-4) sous la pluie en remportant la première manche ?
CH : Oui, il avait beaucoup plu, mais par chance, je n'ai pas eu de problème durant les courses. Ce fut un agréable souvenir, car c'est la première fois que je remportais une manche avec Kawasaki. Je me souviens que sur la grille de départ, il y avait de la boue jusqu'au moyeu de la roue. J'étais plutôt bon dans les conditions difficiles, car je m'entrainais tout l'hiver dans la boue en Suède.
En 1976, c'est votre dernière saison de Grand Prix, avec une belle troisième place a Ettelbruck. C'était un circuit qui vous plaisait ?
CH : Oui, c'était un beau circuit avec la fameuse "montée du coq"et j'y ai plutôt bien roulé avec plusieurs places de deuxième en 1967 et 1970 et de quatrième en 1971 et 1974. En calculant, comme cela, j'ai du rouler environ 600 tours sur ce circuit, entrainement compris !
Vous avez remporté deux titres nationaux en 1969 et 1971. Quels étaient vos adversaires ?
CH : Bengt Aberg, Arne Kring, Ake Jonsson et Jan Johansson. Et j'ai obtenu aussi un titre en junior en 1964. La finale avait eu lieu a Ulricehamn, très célèbre circuit. J'étais en tête au championnat car j'avais bien roulé lors des premières épreuves, mais mes poursuivants étaient proches. J'avais réussi a les contenir, remportant ainsi mon premier grand titre. Je m'étais très bien entraîné cette saison-la et j'ai marqué le même nombre de points que Rolf Tibblin, qui lui était en 500cc !
Quels étaient vos circuits suédois préférés ?
CH : Hedemora, Motala, Vasteras, Huskvarna. Tous sont de bons circuits, peut-être que ma préférence irait pour Hedemora. En général, je me sentais a l'aise sur la majorité des circuits et je réalisais toujours de bons chronos.
Vous avez roulé aux Etats-Unis lors des Inter-AMA. Est-ce que cela vous a plu ?
CH : Oui et en plus, je suis fier car j'ai participé a l'introduction du motocross la-bas avec Torsten Hallman et Edison Dye. 1968 a été la première année où nous, les pilotes Husqvarna, sommes allés participer a la série de courses Inter-AMA. Nous nous sommes rendus a différents endroits et nous avons vérifié où nous pouvions construire un circuit de motocross. Je me rappelle, que l'on avait construit une piste de motocross dans le ranch de Bob Hope et des Américains d'une école de motocross de Los Angeles étaient venus avec des motos tout-terrain. Vous savez, c'est comme cela que ça se passait a l'époque !
Vous avez eu de bons résultats notamment, deuxième a Pepperell, Westlake, Santa Cruz, Lafayette et des victoires a Copetown, Carlsbad et Hawaii.
CH : Je me souviens que j'ai gagné en 1970 a Hawaii, devant devant S.Geboers, M.Halm, O.Toman et J.De Soto. J'ai toujours ce trophée, en bois local, je le trouve très beau. Ce qui était particulier, c'était le circuit fait de cendre et de lave. C'était un peu difficile de rouler dans la lave. Et aussi la mer, ce n'était pas possible de s'y baigner a cause des requins dans l'eau.
Vous avez été sélectionné pour le Trophée et le Motocross des Nations. Qu'est-ce que cela représentait pour vous ?
CH : C'était très important, car cela voulait dire que nous étions choisis par la Fédération suédoise, la SVEMO, notre fédération.
Comment s'est déroulé votre première sélection ?
CH : C'était a Markelo en Hollande pour le Motocross des Nations, en 1967. C'était un bon circuit de sable. Nous avions terminé deuxième par équipe et en individuel, je m'étais classé 16ème et 19ème. Ce fut fut vraiment une expérience difficile dans ce sable.
L'année d'après, vous gagnez le Trophée des Nations ?
CH : Je m'en souviens très bien, c'était a Payerne. Lors du dernier tour, Torsten Hallman se tenait au bord de la piste avec sa chaine cassée et il m'indiquait que je devais passer Roger De Coster, devant moi, pour remporter le Trophée ! Et dans la dernière montée avant la ligne d'arrivée, je l'ai doublé et nous sommes devenus champions du Monde par équipe ! C'est un sentiment incroyable de pouvoir dire que je suis champion du Monde !
En 1969, lors du Trophée des Nations a Kester, le duel avec la Belgique fut très serré avec 11 secondes d'écart. Comment ça s'est passé ?
CH : Ce fut décevant de perdre d'aussi peu. Meme si je termine neuvième, j'avais eu un problème mécanique avec la moto.
1970 et 1971 sont de meilleurs souvenirs ?
CH : Oui ! Nous avons remporté deux Motocross des Nations a Maggiora puis a Vannes en France. En Italie, je termine 18ème et 7ème. En France, je n'étais pas en forme j'avais été malade mais le circuit était intéressant. Mes 8ème et 11ème places n'étaient pas de très bons résultats, mais c'est comme ça parfois.
Quels étaient vos points forts ?
CH : Ma surface préférée était le sable et aussi quand il pleuvait et que cela rendait la piste cahoteuse et boueuse. Cela devenait une surface difficile et ça, c'était ma petite spécialité.
2è en 1967, 1968, 3è en 1969, vainqueur en 1970, 3è en 1971, 4è en 1972, qu'est-ce qui a fait que vous ayez très bien performé en Suède ?
CH : Je n'ai aucune explication quant a la raison pour laquelle j'ai bien réussi lors des Grand Prix de Suède. Ce que je sais, c'est qu'il y avait beaucoup de spectateurs qui nous encourageaient et applaudissaient !
Avez-vous roulé en Grand Prix en catégorie 250cc ?
CH : Non, je n'ai couru en 250cc, que pour le Trophée des Nations. Nous avons gagné en 1968 en Suisse avec T.Hallman, B.Aberg et BA.Bonn. Nous avons terminé également 2ème en 1969 et 1971.
Quel a été votre métier après votre carrière ?
CH : J'ai eu un commerce de tronçonneuses et de déchiqueuteuses a bois pendant 17 ans, puis un autre commerce de réparation et d'entretien de moto de cross. Mais je suis tombé malade et j'ai vendu mon affaire. Puis j'ai acheté de vieilles maisons a rénover, que j'ai vendues et enfin j'ai loué des appartements.
Avez-vous été pilote usine ?
CH : Oui, j'ai d'abord été pilote Husqvarna, puis Yamaha et enfin Kawasaki. Pour mon 75ème anniversaire, j'étais a une réception chez Yamaha et j'avais pu tester le modèle 2021 ! J'y avais retrouvé mon ancien mécanicien et mon directeur d'équipe. Il y avait aussi Hideaki Suzuki, un pilote japonais qui était pilote d'essai pour l'usine quand j'étais au Japon en 1971. C'était une bonne surprise !
Qules étaient les avantages ?
CH : J'avais un salaire et tout était pris en charge.
Aviez-vous des amis, parmi les pilotes français ?
CH : Non.
Quel est votre meilleur souvenir ?
CH : Clairement le Trophèe des Nations a Payerne en Suisse en 1968. Lorsque Torsten Hallman a eu une rupture de chaîne, je devais donc dèpasser R.De Coster sur la dernière colline juste avant l'arrivée et cela a fonctionné, nous avons donc obtenu la 1ère place au classement général. Nous étions champions du monde en 250cc ! C'est probablement mon meilleur souvenir !
Avez-vous pratiqué d'autres disciplines ?
CH : Oui, j'ai été champion junior en ski de fond 15 km et j'ai joué au bandy en division une pendant 4 ans pour m'entraîner a l'équilibre sur la glace. Le bandy, c'est l'ancêtre du hockey sur glace. Cela se joue a 11 joueurs sur des terrains gelés. En 1967 ou 1968, j'ai participé a un match d'équipe nationale contre la Russie. Nous étions deux joueurs de mon club d'origine Vaggeryd et le match s'est déroulé a Nassjo. Le bandy permettait d'être entraîné pour différents types de sports, pas seulement pour le motocross.
Palmarès :
Champion de Suède Junior 1964
Champion de Suède 500cc en 1969 et 1971
Vice-Champion de Suède 500cc en 1968, 1970 et 1973
Troisième du championnat de Suède 500cc en 1972, 1973, 1975 et 1976
Vice-Champion du Monde 500cc en 1970
Vainqueur du Trophée des Nations 1968
Vainqueur du Motocross des Nations 1970 et 1971
2è du Trophée des Nations 1967, 1969 et 1971
2è du Motocross des Nations 1969 et 1972
3è du Motocross des Nations 1973
Vainqueur du Grand Prix de Suède 500cc 1970
5è du Championnat du Monde 500cc en 1970