L’année 1954 a vu couronner 3 nouveaux Champions de
France. Seulement 3 Champions car cette année il n’y aura pas eu de classement
proprement dit !
A vrai dire ce n’est pas commode à expliquer. La
sélection a été effectuée le 25 Novembre au sein d’une commission de motocross
de
La commission a du, pour décerner les titres,
statuer à la fois sur le texte et le contexte des palmarès de la saison, sans
qu’elle puisse manifester de véritable systématique. En effet, psychologie
disons plutôt « casuistique » l’a disputé à l’arithmétique des
points…c’était l’inévitable « aspect contraire » de la formule
actuelle des championnats, excluant à la fois l’épreuve unique ou l’épreuve en
plusieurs manches réunissant chaque fois tous les challengers sur le même
plateau, considérations pour lesquelles le même indice ne saurait être donné à
toutes les victoires, même en catégorie internationale, cet indice dépendant
évidemment et logiquement de la « compagnie » en laquelle chaque
victoire a été remportée.
Et puis on tint compte, très justement d’ailleurs à
notre sens, de la valeur « représentation internationale »,
c'est-à-dire du standing que chacun participa à donner au motocross français sur
les grands terrains étrangers, ce chacun étant évidemment très restrictif
puisqu’on sait le peu de goût qu’ont la plupart de nos champions pour les cross
à l’étranger. C’est un fait que nous citons simplement, sans nous livrer à des
commentaires dangereux. En bref, « allez-y voir », la critique est
aisée mais l’art est difficile, ce n’était pas commode même pour des dirigeants
particulièrement éclairés comme les nôtres.
Ceci étant dit, et il fallait le dire pour situer
le principe et l’ambiance de cette attribution des titres 1954, il convient
encore de rappeler que le plus important de ces titres est lié aux forfaits du
tenant et du « joker » d’hier en 500 cc : Gilbert Brassine et le
prestigieux Henri Frantz, tous deux invaincus pour ne pas dire invincibles.
Au passage manifestons-leur notre grande sympathie
et le regret que le motocross français ait été ainsi en 1954 décapité de ses
deux principales têtes. Nous croyons savoir que Gilbert, qui s’était fait une
mauvaise fracture à la main en mai dernier à Valentigney, reprend
l’entraînement cet automne et que Frantz sera sans doute récupérable
physiquement au printemps prochain, quant à son moral, il convient (pour qui
connaît l’homme) de lui faire la plus entière confiance malgré le coup dur qui
l’a frappé. A titre de mémoire, rappelons le début de saison extrêmement
brillant qu’avait réalisé Gilbert, notamment à Genève où il mena près de 8
tours devant Leloup, Mingels et Stonebridge avant de casser sa mécanique.
Rappelons aussi, et ce fut la dernière fois où nous le vîmes, l’étourdissante
course de Frantz à
Quant à Godey,en 350 cc, il a trouvé en Robert Klym
un adversaire extrêmement redoutable. Sans extrapoler rappelons, cependant,
qu’il fut tenu près de 2 mois hors compétition par une fracture de la
clavicule, en nous empressant de bien préciser que ceci n’enlève rien au titre
de notre camarade Robert Klym qui est indubitablement une de nos meilleurs
valeurs françaises de la spécialité.
En 250cc, René Klym remporte le titre haut la main
sur son excellent camarade Bénard.
Rene Klym, Champion de France 250 cc
Revenons-en au titre 500cc. Quatre postulants mis
dans la balance en 500 cc par la commission de motocross : Molinari,
Klym, Chuchart et Charrier…ce qui d’ailleurs correspond à notre sens à l’échelle
implicite des valeurs, nonobstant peut être un nouvel outsider :
Jacquemin, capable de ce qui n’est encore (bien qu’il en soit à sa 7ème
année de motocross), que de sensationnels coups de raccroc, exemple sa victoire
au Prix du Salon à Montreuil. Ce garçon est en tout cas un des principaux
points d’interrogation pour la saison internationale 1955, citons aussi, il va
sans dire, et pas très loin un peloton de « sûrs » emmené par exemple
par Vouillon.
Bref, « on », c'est-à-dire la commission
de motocross constata que Molinari et Klym avaient battu plus souvent Chuchart
et Charrier que vice-versa. Restait à
départager Molinari et Klym qui étaient presque dans un chapeau. La décision
fut emportée en faveur du Messin par ses nombreuses courses à l’étranger où
malgré une déveine acharnée, il montra que le motocross français avait rattrapé
le peloton européen. Rappelons notamment sa splendide place de 5ème
à Ettelbruck au Luxembourg et sa place de 6ème à Genève. Profitons
de l’opportunité pour citer les nombreuses et belles courses internationales de
Jacques Charrier, toujours à la peine dans les coups les plus durs (rappelons
qu’il fut le premier des Français au Grand Prix d’Europe de Montreuil).
Carlo Molinari, Champion de France 500 cc
Quant à Hazianis dont il fut aussi question parait-il,
c’est un « original tout fort », qui manque peut être encore un peu
de régularité, mais ça vient…Original disions-nous qui a failli notamment
gagner une fois devant Mingels avec…une licence nationale en poche ! Ce
fait de trop vouloir se consacrer à « son » public ne lui a pas
permis de se montrer suffisamment dans les grandes rencontres internationales
et, c’est peut-être un de ses griefs, malgré sa victoire quasi systématique du
dimanche, qui a été retenue contre lui.
Après avoir ainsi passé en revue les « grands »
de l’année 1954 qui je l’espère ne m’en tiendront pas rigueur, voici sous quels
auspices se présente 1955.
La vitesse moyenne sur tous les terrains ne devra
pas excéder 50 km/h.
L’interdiction de courir dans les deux sens est
maintenue.
Près de 500 demandes de dates pour des courses
nationales et internationales ont été déposées, mais le calendrier du
Championnat n’est pas encore défini.
Source et photos Motocycles n°139 / R.Mouchet