A cette époque de l'année, soit en tout début de saison, l'on ne peut guère espérer trouver le beau temps que dans le midi. C'est un peu dans cet esprit que nous nous sommes rendus à Cavaillon, pour y trouver
malheureusement le même froid, le même vent, la même pluie qui ont
compromis le succès des épreuves organisées le 15 mars.
Dommage,
car le MC Cavaillonnais organisait à cette date son premier motocross
inter et avait prévu à cet effet un joli plateau dans les deux
cylindrées 250 et 500cc. Un trop joli plateau, disaient même certains en
songeant aux risques financiers encourus. Mais il faut dire qu'avec le
beau temps, sur lequel il n'est malgré tout pas impossible de compter,
cette réunion, la première de la saison dans toute la région, aurait
sans doute attiré beaucoup de monde. Et d'un autre côté, dans ce coin du
midi où Pernes est passé maître dans l'art d'organiser de grandes
réunions, le public ne se dérange que si l'affiche en vaut la peine !
Ne
jetons pas la pierre, par conséquent, au MC Cavaillonnais qui a voulu
bien faire et a d'ailleurs très bien rempli ses obligations, la réunion
se déroulant au mieux vu les conditions atmosphériques détestables.
Beaucoup
auraient d'ailleurs annulé, n'ayant alors qu'à débourser de faibles
indemnités aux coureurs venus de loin. Les dirigeants cavaillonnais ont
préféré attendre que la pluie cesse, réduire le programme à deux manches
par course au lieu de trois et payer aux coureurs, sinon les prix, du
moins les primes de départ...ce qui, avec 1600 entrées payantes, leur à
couté 5000 Francs (760€) de leur poche !
Les coureurs, eux, ont
apprécié unanimement la solution choisie, mais le public, lui, a
protesté contre la réduction de la durée des épreuves, ce qui montre
d'ailleurs qu'il a pris beaucoup de plaisir à en suivre les péripéties
effectivement soutenues.
Certes ayant payé le prix prévu pour
assister à trois manches par course et n'en vivant que deux, le public,
ignorant le problème qui se posait aux responsables, a pu s'estimer
lésé. Mais il comprendra mieux la situation et n'en voudra plus aux
dirigeants cavaillonnais quand il saura qu'à défaut de la solution
choisie, ceux-ci, vu le nombre d'entrées, n'auraient pu que décider
l'annulation, privant alors tout à fait les spectateurs présents du
spectacle attendu, spoliant les coureurs des primes de départs
escomptées par eux et creusant néanmoins un trou dans leur caisse en
payant des indemnités sans profit pour personne.
Allons, il fera
beau l'année prochaine à Cavaillon, les coureurs vus cette année
reviendront, c'est chose promise, et cette fois, le public répondra si
nombreux que le MC Cavaillonnais, assuré d'un bénéfice, pourra garantir
sa réunion de l'année suivante quel que soit le temps !
La piste
de Cavaillon s'inscrit dans un énorme cratère rocheux. Les spectateurs
prennent place en haut de ce vaste trou suivant entièrement le
déroulement des courses, quoique d'assez loin.
Départ au fond de
la cuvette, puis montées, descentes, circonvolutions coupées de courtes
sections plates, le tout sur un sol essentiellement caillouteux, sur une
piste taillée, au prix de rudes efforts renouvelés, dans une végétation
qui repousse sans cesse, aussi, revient toute cette pierraille que l'on
évacue pourtant par charrette chaque année.
Résultat : un
circuit évidemment trop étroit, où l'on ne peut doubler qu'en risquant
d'envoyer le voisin dans la broussaille ! Et, par temps de pluie, dure,
glissante en diable avec toutes ces pierres mouillées qui roulent sous
la roue de la moto !
L'on pouvait craindre , dans ces conditions,
que les pilotes au surplus encore peu entraînés songeassent surtout à
tourner sans s'exposer ni exposer leur matériel généralement flambant
neuf.
Il n'en a rien été et, si le public n'a vu que deux manches
dans chaque course, ces manches ont donné lieu à de splendides combats,
à des phases de course d'un puissante intensité.
Ainsi le duel Harris-Rasmussen dans la course en grosse cylindrée, nous a-t-il tenu en haleine jusqu'à la dernière seconde de même que la superbe remontée du Belge Piette en seconde manche, tandis qu'Albert Courajod s'assurait une excellente troisième place et qu'Aimé Pardigon terminait meilleur Français, prenant l'avantage sur Vidal, Dugas, d'autres encore plus ou moins déveinards.
Ainsi la terrible course en 250 où notre Clérici, incisif, prenait la tête à chaque départ pour succomber ensuite aux attaques d'Hauger, l'Allemand, le meilleur homme sur le circuit, descendeur extraordinaire, et du jeune champion de Suisse HP Lutz, audacieux, prenant des risques...et en faisant courir aux autres (mais sur ce circuit, comme déjà dit, aucun autre moyen pour doubler que de "pousser" l'adversaire dans les buissons).
Aux points, Hauger gagnait, situant en belle place, au début de la saison, le moteur Montesa qui équipe la partie cycle Wabeha de sa machine, la première ainsi faite, mais que d'autres suivront !
Le suivaient au classement général son collègue Otto Walz, lui sur la Montesa originale d'usine. Beau succès par conséquent pour les débuts de la marque barcelonaise sur nos circuits !
En troisième position, l'Italien Cavallero, sur Greeves, auteur d'une belle course aux places d'honneur, puis ensuite dans l'ordre, Clérici, bien malchanceux, mais en forme, Godey toujours en bonne place.
Que, simplement, au prix d'un nouvel effort, l'équipe cavaillonnaise élargisse la piste pour la réunion 1964, en conservant des plateaux comme ceux que nous avons eus cette année, et avec un peu de chance côté baromètre, tout ira bien.
Car, pour l'organisation, la présentation du circuit, l'accueil à ses hôtes, le climat général enfin, tout est déjà très bien au MC Cavaillon.
Source et photos : RCD - Moto Revue n°1685