Cooper Web
Interview exclusive

Brillants débuts des Montesa !

Cavaillon 1964
  • George Hauger.
  • A cette époque de l'année, soit en tout début de saison, l'on ne peut guère espérer trouver le beau temps que dans le midi. C'est un peu dans cet esprit que nous nous sommes rendus à Cavaillon, pour y trouver malheureusement le même froid, le même vent, la même pluie qui ont compromis le succès des épreuves organisées le 15 mars.

    Dommage, car le MC Cavaillonnais organisait à cette date son premier motocross inter et avait prévu à cet effet un joli plateau dans les deux cylindrées 250 et 500cc. Un trop joli plateau, disaient même certains en songeant aux risques financiers encourus. Mais il faut dire qu'avec le beau temps, sur lequel il n'est malgré tout pas impossible de compter, cette réunion, la première de la saison dans toute la région, aurait sans doute attiré beaucoup de monde. Et d'un autre côté, dans ce coin du midi où Pernes est passé maître dans l'art d'organiser de grandes réunions, le public ne se dérange que si l'affiche en vaut la peine !

    Ne jetons pas la pierre, par conséquent, au MC Cavaillonnais qui a voulu bien faire et a d'ailleurs très bien rempli ses obligations, la réunion se déroulant au mieux vu les conditions atmosphériques détestables.

    Beaucoup auraient d'ailleurs annulé, n'ayant alors qu'à débourser de faibles indemnités aux coureurs venus de loin. Les dirigeants cavaillonnais ont préféré attendre que la pluie cesse, réduire le programme à deux manches par course au lieu de trois et payer aux coureurs, sinon les prix, du moins les primes de départ...ce qui, avec 1600 entrées payantes, leur à couté 5000 Francs (760€) de leur poche !

    Les coureurs, eux, ont apprécié unanimement la solution choisie, mais le public, lui, a protesté contre la réduction de la durée des épreuves, ce qui montre d'ailleurs qu'il a pris beaucoup de plaisir à en suivre les péripéties effectivement soutenues.

    Certes ayant payé le prix prévu pour assister à trois manches par course et n'en vivant que deux, le public, ignorant le problème qui se posait aux responsables, a pu s'estimer lésé. Mais il comprendra mieux la situation et n'en voudra plus aux dirigeants cavaillonnais quand il saura qu'à défaut de la solution choisie, ceux-ci, vu le nombre d'entrées, n'auraient pu que décider l'annulation, privant alors tout à fait les spectateurs présents du spectacle attendu, spoliant les coureurs des primes de départs escomptées par eux et creusant néanmoins un trou dans leur caisse en payant des indemnités sans profit pour personne.

    Allons, il fera beau l'année prochaine à Cavaillon, les coureurs vus cette année reviendront, c'est chose promise, et cette fois, le public répondra si nombreux que le MC Cavaillonnais, assuré d'un bénéfice, pourra garantir sa réunion de l'année suivante quel que soit le temps !

    La piste de Cavaillon s'inscrit dans un énorme cratère rocheux. Les spectateurs prennent place en haut de ce vaste trou suivant entièrement le déroulement des courses, quoique d'assez loin.

    Départ au fond de la cuvette, puis montées, descentes, circonvolutions coupées de courtes sections plates, le tout sur un sol essentiellement caillouteux, sur une piste taillée, au prix de rudes efforts renouvelés, dans une végétation qui repousse sans cesse, aussi, revient toute cette pierraille que l'on évacue pourtant par charrette chaque année.

    Résultat : un circuit évidemment trop étroit, où l'on ne peut doubler qu'en risquant d'envoyer le voisin dans la broussaille ! Et, par temps de pluie, dure, glissante en diable avec toutes ces pierres mouillées qui roulent sous la roue de la moto !

    L'on pouvait craindre , dans ces conditions, que les pilotes au surplus encore peu entraînés songeassent surtout à tourner sans s'exposer ni exposer leur matériel généralement flambant neuf.

    Il n'en a rien été et, si le public n'a vu que deux manches dans chaque course, ces manches ont donné lieu à de splendides combats, à des phases de course d'un puissante intensité.



  • Otto Walz nettoie l'un de ses carburateurs.


  • Ainsi le duel Harris-Rasmussen dans la course en grosse cylindrée, nous a-t-il tenu en haleine jusqu'à la dernière seconde de même que la superbe remontée du Belge Piette en seconde manche, tandis qu'Albert Courajod s'assurait une excellente troisième place et qu'Aimé Pardigon terminait meilleur Français, prenant l'avantage sur Vidal, Dugas, d'autres encore plus ou moins déveinards.

    Ainsi la terrible course en 250 où notre Clérici, incisif, prenait la tête à chaque départ pour succomber ensuite aux attaques d'Hauger, l'Allemand, le meilleur homme sur le circuit, descendeur extraordinaire, et du jeune champion de Suisse HP Lutz, audacieux, prenant des risques...et en faisant courir aux autres (mais sur ce circuit, comme déjà dit, aucun autre moyen pour doubler que de "pousser" l'adversaire dans les buissons).

    Aux points, Hauger gagnait, situant en belle place, au début de la saison, le moteur Montesa qui équipe la partie cycle Wabeha de sa machine, la première ainsi faite, mais que d'autres suivront !

    Le suivaient au classement général son collègue Otto Walz, lui sur la Montesa originale d'usine. Beau succès par conséquent pour les débuts de la marque barcelonaise sur nos circuits !

    En troisième position, l'Italien Cavallero, sur Greeves, auteur d'une belle course aux places d'honneur, puis ensuite dans l'ordre, Clérici, bien malchanceux, mais en forme, Godey toujours en bonne place.

    Que, simplement, au prix d'un nouvel effort, l'équipe cavaillonnaise élargisse la piste pour la réunion 1964, en conservant des plateaux comme ceux que nous avons eus cette année, et avec un peu de chance côté baromètre, tout ira bien.

    Car, pour l'organisation, la présentation du circuit, l'accueil à ses hôtes, le climat général enfin, tout est déjà très bien au MC Cavaillon.

    Source et photos : RCD - Moto Revue n°1685