Disons-le tout d'abord, l'importante réunion de Vesoul, confiée à l'organisation du MC Haut-Saônois, fut une manifestation de haute qualité, tant dans son impeccable mise sur pied que sur le plan de son déroulement, qui nous réserva jusqu'à la fin du programme d'intenses minutes d'émotion sportive.
Depuis Troyes, jusqu'à Besançon, à plus de cent kilomètres autour du terrain du Sabot de Frotey, des affiches annonçaient le programme de ce dimanche 12 mai : première manche du Championnat de France International. La place nous manque pour vous retracer par le menu toutes les raisons que nous avons de féliciter MM.Paquet et Renaud avec toute leur équipe, mais citons en exemple et à l'actif de leur organisation l'impressionnant service d'ordre assuré par la gendarmerie (on était allé jusqu'à détourner la circulation sur la route nationale, au profit des voitures roulant vers le circuit !) la juste sévérité des commissaires placés aux barrières, et que l'on faisait changer de poste à chaque course pour éviter tout risque d'indulgence de leur part envers certains spectateurs (l'importance des mesures de sécurité, bottes de paille, service incendie, etc...) enfin, l'exceptionnelle qualité de la sonorisation, qui portait jusqu'aux points les plus éloignés, le public pouvant suivre clairement les commentaires avisés des speakers parlant en duplex entre la carrière (partie difficile du tracé) et le poste de chronométrage.
Ainsi, rien ne manquait pour que le départ du Championnat de France fut une parfaite réussite, pas même la musique militaire dont la présence contribua à souligner le caractère officiel des épreuves qui allaient se courir sous nos yeux.
De bonne heure le matin, le public prenait place autour du circuit, d'un développement de 2.000 mètres et d'une configuration très variée, puisqu' alliant des lignes sensiblement droites, mais extrêmement bosselées à un passage terriblement sinueux, accidenté, tracé au plus creux d'une carrière dont le relief en gradins offrit des milliers de places aux spectateurs de l'après-midi.
Autre aspect sympathique du circuit du Sabot de Frotey : il traverse un charmant petit bois où s'installèrent de bonne heure les amateurs de pique-nique et de motocross tout à la fois, et qu'un soleil tôt levé avait encouragés à venir goûter ici ces deux sources de plaisir.
Durant ce temps, on s'affairait ferme au parc des coureurs, dans un "climat" plus tendu qu'à l'habitude, sans doute du fait des enjeux mis en compétition : le titre des inters qui, s'attribuant sur quatre manches, ne laisse guère de place à l'échec. Nous apprenions là qu'Hazianis blessé, ne pourrait prendre le départ, mais qu'en compensation René Combes était arrivé.
A 10h30, les essais officiels chronométrés débutèrent. C'est Robert Klym qui réalisait le meilleur temps en 2'10", puis Jacquemin en 2'12", Darrouy, René Klym, Charrier et Brassine en 2'13", Melioli, Godey et Frantz en 2'14", Combes en 2'15", Schmid en 2'16"...
A 11h30, sans aucune minute de retard et alors que sous le soleil déjà chaud, plusieurs milliers de spectateurs sont déjà en place, les entraînements sont terminés. Le temps de prendre quelque nourriture, le temps encore de garnir et de plomber les réservoirs d'essence, et le départ sera donné, toujours à l'heure, aux dix-huit inters français visant ici le titre !
Selon le règlement pour cette compétition, il s'agit d'une course en une seule manche, de trente tours, pénible donc par l'effort soutenu qu'elle réclame.
Au start, le détenteur actuel du titre, Jacquemin, part en tête pour s'arrêter 700 mètres plus loin (nous saurons plus tard qu'une limaille, provenant de la laine métallique garnissant son nouveau filtre à air, réalisation "maison" est venue court-circuiter les électrodes de la bougie ! Pendant que les mécanos se précipitent au secours du Champion en titre, les autres coureurs continuent leur chemin, et nous pointons au premier tour Robert Klym, Brassine, Lefèvre, Chuchart, Schmid, René Klym, Ledormeur, Charrier, Vouillon, etc...Déjà une poussière dense, opaque, épaissit l'atmosphère. Les deux tours suivants éclaircissent un peu la situation et, au quatrième passage, si Robert Klym fonce en tête, Brassine fait le forcing derrière lui, distançant quelque peu Chuchart, lequel est pris en chasse par René Klym. Lefèvre n'est déjà "plus dans le coup" et c'est Schmid et Godey que nous pointons derrières les hommes déjà cités.
Jacquemin est reparti, avec sept tours de retard, qu'il gardera jusqu'à la fin et durant lesquels Robert Klym poursuit sa ronde rapide, doublant au passage Darrouy et Barbara attardés. Au onzième tour donc, l’Orléanais précède Brassine de onze secondes. Rene Klym a ravi la troisième place à Chuchart. Godey chute dans la carrière, casse sa boîte de vitesses et abandonne.
Lefèvre est doublé à son tour, Frantz est loin, et il y a maintenant vingt secondes d'écart entre Robert Klym et son suivant, Brassine, qui pourtant ne s'endort pas sous la poussée du troisième, René Klym. L'épreuve ne peut plus se jouer maintenant qu'entre ces trois hommes, que vingt secondes seulement séparent au dix-huitième tour. Frantz mal récompensé de son long travail mécanique de la matinée, voit son moteur serrer (manque d'huile dans le réservoir !) et doit se retirer. Très malchanceux, Frantz cette année...René Klym continue très fort sa remontée, parvenant à quelques mètres de Brassine, lequel accuse un peu le manque d'entraînement à la longue distance.
Charrier crève vers le vingt-cinquième tour et, la fin de la course approchant, les hommes de tête "mettent le paquet" : poussé par René Klym, Brassine faiblit, lutte roue dans roue avec son adversaire pour garder sa deuxième place...et n'y réussit pas, tant le second des Klym va fort lui aussi. Tandis que Robert Klym accélère encore l'allure, s'envolant littéralement vers la victoire, la bagarre est terrible entre les deux suivants, René Klym maintenant et Brassine qui n'a pas dit son dernier mot. Ultime accidenté, Darrouy, qui perd son tube d'échappement au vingt-huitième tour.
Et, alors que tout semblait dit, une rumeur emplit la carrière : René Klym vient de casser sa chaîne, à un tour de la fin, Brassine lui prenant dès lors la deuxième place, et la conservant évidemment jusqu'à l'arrivée. Derrière les premiers viennent des hommes très attardés, mais dont la course sage et exempte de "casse" fut payante : Schmid, Ledormeur, pour leur première saison en Inter, Chuchart, à peine remis de sa fracture de la clavicule, occupent les places d'honneur bien méritées.
Voici le classement :
1) Klym.Ro (BSA)
2) Brassine.G (BSA)
3) Chuchart.A (BSA)
4) Schmid.J (BSA)
5) Ledormeur.Gé (BSA)
6) Vouillon.P (BSA)
7) Combes.R (BSA)
8) Melioli.J (Gilera)
9) Klym.Re (BSA)
10) Charrier.J (BSA)
11) Bertrand.G (BSA)
Source et photos Moto Revue n° 1343.