Ce week-end le cœur d’Apolda bat au rythme des deux
temps, dans les rues pavoisées il y a foule et les organisateurs se frottent
les mains. Entrainement le samedi, course le dimanche, tel est le programme
proposé.
Karl Heinz Fisher, notre sympathique confrère du
journal local « Das Volk » est exténué. C’est lui l’âme de cette
manifestation sportive, on le rencontre partout où il faut prêter main forte.
Rien à redire, Karl Heinz et son équipe se sont donné un mal fou, le parcours
déjà difficile a été agrémenté de quelques améliorations. Les coureurs vont
avoir besoin de toute leur maitrise.
L’entrainement commence et de lourds nuages noirs
couvrent le ciel. Ils sont déjà plusieurs milliers pour assister aux prémices
de la lutte des géants. Et puis arrive ce qui devait arriver, une bonne pluie
transforme le « Tannengrund » en patinoire. Il faut avouer que le
public est stoïque, pas un spectateur ne quitte le circuit avant la fin !
Toute la nuit, il pleut et les supporters de
Friedrichs jubilent : plus il pleuvra disent-ils et plus les chances de
leur champion seront grandes ! Le ciel ne l’entend pas ainsi et au petit
matin, tout est rentré dans l’ordre, les quelques heures matinales suffisent
pour que le sol redevienne plus normal. Conscient du changement d’état du sol,
le jury international décide une répétition de la séance d’entrainement afin de
permettre aux coureurs de s’adapter aux nouvelles conditions. Peu à peu le
public arrive et tous les parking sont remplis. Le service d’ordre bloque
désormais les rues de la ville pour les transformer en voie de stationnement.
La Police dénombre 12 000 voitures !
Le terrain prend alors une allure de fête foraine,
partout des stands ont été dressés, offrant aux 30 à 40 000 spectateurs la
possibilité de se ravitailler en fruits, boissons et victuailles de toutes
sortes. Le clou : d’immenses barbecues où rôtissent sur un feu de charbon
de bois, des Bratwürste (saucisses rôties) et des brochettes qui s’appellent
ici d’un nom barbare « Schaschlik » et dont le public allemand est
très friand.
C’est dans cette atmosphère de liesse que démarre
la première manche. En tête dès le départ on trouve les Maïco de Jonsson, Weil
et Bauer et les Husqvarna d’Aberg et du Hollandais Wolsink. Friedrichs mal
parti, se retrouve en 18ème position. Tout de suite c’est la grande bagarre,
tout après tour la décision se fait.
Devant il y a Aberg suivi de Jonsson et de Weil.
Friedrichs, qui roule comme un diable, revient jusqu’à la 4ème place lorsque
soudain, au 5ème tour, un cri s’élève de la foule : son champion vient de
s’arrêter à son stand. Les secondes succèdent aux secondes. Friedrichs
pourra-t-il repartir ? Oui, mais il a perdu près de 45 secondes et ce au
fur et à mesure qu’il grignote du terrain, le public reprend confiance et mon
épaule devient de plus en plus douloureuse, car un quidam que je ne connais pas
décharge son enthousiasme sur cette partie de ma personne !
Lorsque s’agite le drapeau à damier, on note dans
l’ordre Aberg, Jonsson, Weil, Allan, Toman. Friedrichs a pu se hisser à la 8è
place derrière Bauer et Wolsink.
Après un intermède intéressant, une course
nationale 250cc gagnée par l’espoir Fisher (encore un poulain de Heinz Ramsch)
suivi de Frank Heyse, un garçon que l’on vit l’an dernier dans de diverses
épreuves de Championnat du Monde 500 cc
et qui, au dire de mes interlocuteurs allemands, est à l’aise sur
n’importe quelles moto puisqu’il fait même du tout-terrain.
Ca y est, c’est parti pour la seconde manche ! Dès le départ Friedrichs prend la tête avec à ses trousses, les trois Maïco. On le sent déterminé. Par contre c’est Aberg, qui a raté le coche. Friedrichs fonce, prenant un peu plus d’avance à chaque tour. A l’arrière Aberg le pourchasse, remontant place après place. On le voit bientôt prendre d’assaut la forteresse Maïco. Puis c’est le combat de titans, le public est en délire (et votre serviteur, par prudence, a changé de place). Friedrichs dégringole le Tannengrund, quelques 30 secondes plus tard Aberg s’y engouffre à son tour…pour ne plus revenir. Une fois de plus la sorcière a frappé ! Friedrichs gagne alors avec une confortable avance devant Jonsson, Weil, Bauer, Wolsink et Toman.
Alors qu’au mat d’honneur monte le drapeau suédois
et que retentit l’hymne national du vainqueur, je demande au responsable du
service de presse ce qu’on aurait fait si un coureur de la RFA avait gagné. Sa
réponse est nette : en RDA, dit-il, Pour nous il y a deux Allemagnes, deux
drapeaux, deux hymnes et une réalité. Mr Bruneel qui représente la FIM est
satisfait de l’organisation d’Apolda et encourage l’équipe à postuler pour le
prochain Grand Prix des Nations…
Voici les résultats du Grand Prix :
1 |
Jonsson.A |
2-2 |
2 |
Weil.A |
3-3 |
3 |
Friedrichs.P |
8-1 |
4 |
Bauer.W |
6-4 |
5 |
Toman.O |
5-6 |
6 |
Wolsink.G |
7-5 |
7 |
Allan.V |
4-9 |
8 |
Van Velthoven.J |
11-10 |
9 |
Krasnotchekov.A |
10-11 |
10 |
Hoppe.H |
9-13 |
|
Non classés |
|
Aberg.B |
1-X |
Source et photos : Moto
Revue n°1991 / Maurice Thys