1953, c’est l’année de Mingels ou de
« bras d’acier » ou du « gros »,
car tels sont ses surnoms ! C’est vous dire la corpulence du
bonhomme ! Il faut dire que le liégeois est un colosse de
Premier rendez-vous : la Suisse. Plus
précisément Genève et le «Circuit du bout du monde». Quelque 20.000 personnes
ceinturent l'arène au moment où Anglais et Belges, qui restent les principaux
antagonistes de cette bataille officielle, s'affrontent en série éliminatoire
d'abord, en finale ensuite. Il fait sec. La poussière est intense. Basil Hall,
l'Anglais, s'en fait un allié de choix et domine la finale au guidon de sa BSA
d'usine, après avoir pris un bon départ. Mingels se défend courageusement mais
ne peut mater son rival. Il se contente de la 2ème place, devançant
Leloup, le champion d'Europe en titre, qui n'a pu donner le meilleur de
lui-même dans des conditions de course très difficiles pour lui.
Norg, au Pays-Bas. Dimanche 14 mai. Soleil de feu. Trente mille spectateurs.
Les séries apportent un seul élément positif : la révélation de Brian
Stonebridge, Anglais, long, filiforme, qui deviendra plus tard l'une des
vedettes de la classe des 250cc.
En finale, Mingels ne laisse à personne le soin de cueillir les lauriers.
Stonebridge, le héros de la première série, est contraint à l'abandon sur ennui
mécanique. Hall, le vainqueur du Grand Prix de Suisse, malade, doit renoncer
avant la fin des débats. Seul Baudouin, le Néerlandais, soulevé par un public
qui n'a d'yeux, de gestes et de hurlements que pour «son » pilote, résiste
quelque peu au «gros». Opposition éphémère : le Liégeois, intenable, se
déchaîne bientôt, fait table rase de toute opposition et termine en vainqueur
devant le Hollandais. Leloup est 3ème, précédant Ward et Cox.
Mingels, en réalité fait coup double: outre la victoire du jour, il s'offre le
leadership en championnat du monde. C'est lui qui vient désormais en tête
devant Leloup, Hall, Baudouin et Ward.
Mingels a disputé jusqu'ici toutes les épreuves sur Matchless. Au lendemain du
week-end de Pentecôte, il rompt les ponts avec les Anglais et vient se replacer
sous la bannière de la FN. Un renfort important pour l'usine au moment même où
sa rivale Saroléa, avec la nouvelle vague composée de Nic Jansen et René
Baeten, se dresse de plus en plus en opposant valable dans le domaine du tout
terrain.
Trois manches de dix tours et un classement général établi au décompte des
places obtenues : le Grand Prix de France, qui innove en matière de règlement,
n'en modifie pas pour autant la hiérarchie. A Lyon, le «gros» laisse tout le
monde sur place dans le premier débat et gagne avec une nette avance sur
Leloup. Et si, dans la 2ème confrontation Frantz surprend les Belges
(Leloup et Mingels se classent dans l'ordre derrière le Français), Auguste,
dans l'ultime débat, remet les choses au point. Le décompte général s'établit
sans problème : 1. Mingels2. Leloup 3. Frantz 4. Archer.
Et Mingels, du même coup, fait un nouveau bond au classement provisoire du
championnat d'Europe....
En fait, dès le 14 juin, Mingels est pratiquement assuré de devenir champion
d'Europe en gagnant un Grand Prix d'Italie disputé sur un parcours boueux au
possible.. Mingels annonce la couleur en série et bat les Anglais, Archer et Cheney,
pourtant supérieurs sur le papier - dans de telles conditions. Leloup l'apprend
à ses dépens dans l'autre course qualificative, s'inclinant devant Hall.
Vient la finale du véritable duel
anglo-belge. Et une extraordinaire démonstration de Mingels qui mène à bon port
une longue bataille (plus d'une heure de course!) face à la coalition
britannique. Nex est 2ème, Archer 3ème et si Leloup (4ème)
et Cox (6ème ) sont bien placés aussi, Cheney (5ème ) et
Hall (7ème) complètent le bon résultat d'ensemble des Britanniques.
Une précision: les chronos accordent le tout le plus rapide (4min. 28s.) à
Mingels. La confirmation de l'indiscutable autorité du «gros ».
Publicité FN célébrant les titres
Après le grand prix d'Angleterre, disputé le 5 juillet à Brands Hatch et où les
Britanniques monopolisent les premières places (1. Stonebridge2.
Hall3. Ward4. Rickman), voici le Grand Prix de Belgique.
Le rendez-vous est fixé une fois encore
à Namur sur le circuit de la Citadelle où Mingels n'a jamais réussi, jusqu'ici,
à décrocher la victoire.
Chacun s'accorde à le considérer comme
le grand favori d'autant que la FMB, elle aussi, a décidé d'innover en matière
de programme. Elle renonce en effet aux classiques séries qualificatives... qui
n'éliminent pas grand monde pour proposer au peloton une course unique sur 18
tours soit quelque 65km de tout terrain. Une formule qui doit permettre à
l'homme qu'est Mingels de s'offrir enfin ce succès auquel il aspire depuis tant
d'années.
Le sort, toutefois, en décide
autrement. Premier handicap: le «gros» part mal. Il fonce pour redresser la
situation et dès la fin du premier tour, il a fait main basse sur la 3ème
place. Il n'ira pas au-delà. Au 5ème tour, le moteur bafouille,
s'arrête : panne d'essence! Le réservoir de la FN, fêlé, a laissé échapper le
précieux carburant...
Deux autres malchanceux. D'abord Nic Jansen. Il chute alors qu'il semble avoir
course gagnée, ayant inscrit le record du tour à son actif. Il remonte en
machine, se bat avec courage, jette toutes ses forces dans le duel qui l'oppose
à René Baeten. En vain...Le
Campinois, qui a été le principal bénéficiaire, avec Victor Leloup, de la
culbute de Nic, file au but sans avoir à s'employer outre mesure, le Liégeois
terminant 2ème.
Ensuite Victor Leloup. Il a la victoire
en main lorsque Jansen va au tapis. Mais au 16ème des 18 tours
prévus, il fait la pirouette à son tour. C'est non seulement son espoir de
vaincre à Namur qui s'envole mais aussi ses dernières chances de conserver son
titre européen qui s'estompent.
Il échoue finalement
à la 3ème place derrière Baeten et Jansen mais devant Van
Heuverswijn et Collée. Cinq Belges aux cinq premières places. Basil Hall, 6ème,
est le premier étranger...
Le sacre officiel de Mingels s'opère une semaine plus tard à Ettelbrück sur le
redoutable circuit «An der Bruchen », avec son impressionnant «trou du diable»
et la traversée des eaux de la Wark.
Le« gros» veut coiffer la couronne tout auréolé d'une nouvelle victoire. Sur le
circuit brûlé par le soleil, dans une poussière qui incite les plus sages à
rouler à leur main, Mingels se lance résolument à la poursuite de Leslie
Archer, qui a pris la tête dès l'envol. A cinq tours de la fin, Mingels
redouble d'effort. En vain, Archer est fort, très fort, et l'avantage de rouler
en tête joue un rôle incontestable. Le Belge, dès lors, se calme. D'autant
qu'une 2ème place lui suffit pour asseoir sa suprématie. Cette 2ème place, il la
conserve aisément jusqu'au terme des débats, laissant Leloup, Baeten, Jansen et
Phil Nex loin derrière lui.
Fin août. La Suède accueille les moto-crossmen européens pour le Grand Prix mais aussi pour le Moto-cross des Nations. En vedette : René
Baeten, irrésistible à Saxtorp où Mingels termine 7ème seulement et
Leloup 8ème.
Source :
W.Schwilden « 21 titres mondiaux pour nos champions de motocross »