L’heure est donc à la course !
Les pilotes sont extrêmement nerveux, ce qui n’est pas spécialement surprenant. Le directeur de la course a énormément de peine à les contenir correctement alignés avant que ne se lève le starting gate et, quand le départ est donné, certains « mal partis » reviennent sur la ligne, dont Leslie Archer.
L’on redonne le départ, après que les autres coureurs ont accompli le tour complet…et l’histoire se renouvelle.
Enfin, après une courte pause, durant laquelle l’on fait couper les moteurs, les concurrents s’élancent tout de même, au grand complet, vers la conquête de la victoire dans cette première manche.
Hélas, Delpeyrat, parti troisième lors des 2 premiers départs, s’est laissé enfermer cette fois, qui est la bonne. Arrivent devant nous Tibblin, Don Rickman, Baeten, Jansen, Gustavsson et Bertrand, par conséquent bien placé.
Rapidement, les choses se clarifient. En tête, Tibblin qui résiste aux assauts impétueux de Don Rickman. Derrière, Baeten recule un peu (accidenté en début de saison, il manque encore de forme de son propre aveu et ne peut tirer tout le parti de sa G50). Mais Jansen le relaie, suivi par Gustavsson et Bertrand maintient sa position.
La poussière est énorme et gêne énormément les coureurs qui tentent de remonter leurs adversaires. Au quart de la course, le duo de tête poursuit sa course, détaché devant le Belge Jansen qui fait une fois de plus merveille, et c’est Bertrand, notre Bertrand qui passe quatrième, acclamé par l’immense foule bien renseignée sur la situation de notre vice-champion de France.
Suivant Bertrand, Sten Lundin qui semble remonter, revenant d’assez loin, puis Broer Dirks, Scaillet et Baeten assez reculé désormais.
Jansen est victime de petits ennuis et doit s’arrêter pour quelques secondes à trois reprises différentes. Il perdra ainsi la 3è place que récolte Bertrand, ce qui plonge au bas mot 30 000 personnes dans une joie bien compréhensible.
Scaillet passe aussi son compatriote, mais Nic n’a pas dit son dernier mot et s’il ne peut remonter beaucoup, il double quand même le jeune Hubert un peu plus loin. Et une double action se poursuit maintenant en tête : Rickman tente à tout prix de rejoindre et passer Tibblin dont il se rapproche régulièrement tandis que Sten Lundin convoite la 3è place tenue et admirablement défendue par Bertrand.
Cependant, la course est très dure physiquement et Guy, à l’issue d’une magnifique résistance qui se prolonge durant plusieurs tours, doit laisser passer le Champion du Monde qui lui prendra quelques longueurs d’avance.
L’affaire n’ira pas plus loin et Bertrand restera bon 4è d’une très grand manche de Grand Prix.
Quant à Tibblin, qui doit lui laisser passer Rickman, il reprendra son « adversaire » dans le dernier tour et le repassera extrémis à quelques centaines de mètres de l’arrivée !
Tout cela nous laisse haletant, inutile de vous le dire et, à l’issue de ces premiers quarante kilomètres de course, nous nous étonnons de voir que plus de 3/4 d’heure se sont écoulés depuis que le premier coureur est passé devant nous.
De cette manche, quelle impression retirer ? Les Suédois dominent plus que jamais en motocross et Tibblin, extraordinaire l’an passé en petite cylindrée, est aussi à l’aise cette année sur la 500 Husqvarna d’usine qui ne le cède en rien pour la légèreté et la qualité à ses petites sœurs les 250 cc.
Quand nous précisions, qu’en ce jeune garçon la Suède tenait un nouveau Champion du Monde en puissance, nous ne nous aventurions guère !
Si Don Rickman a pu sauver l’honneur de la Grande Bretagne dans la première manche, ses compatriotes n’ont pas même figuré, tout particulièrement dans la seconde manche où ils ne classent pas un pilote en tête alors que les conditions atmosphériques soudainement modifiées devaient en principe leur être tout particulièrement favorables. Baisse de forme qui continue une situation dont il avait pourtant semblé sur la fin de l’année dernière qu’elle pouvait s’améliorer ? Ou bien malchance généralisée ? Pour Rickman en tout cas c’est accidentel. Il a été dans le coup dans le début de la seconde manche et sa disparition a été due à une cause purement accidentelle.
Donc, le ciel s’est couvert jusqu'à devenir quasi crépusculaire et nos concurrents foncent vers le but comme s’ils voulaient tenter d’y parvenir avant l’averse imminente.Le vent se lève, gagne en violence, arrachant les banderoles, secouant tout l’installation à caractère évidemment provisoire qui agrémente le circuit et chacun commence à se préoccuper d’un abri tandis que les officiels, les commissaires qui, eux doivent demeurer à leur poste se procure en hâte des vêtements, des toiles imperméables.