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Interview exclusive

Mécanicien de Tim Gajser

Nicolas Nogé
Nicolas Nogé.

Motocross History : Mécanicien de Tim Gaser, c'est le top ?
Nicolas Nogé (NN) : Evidemment ! C'est un pilote sympathique et talentueux, il travaille dur pour arriver à ses objectifs et ça c'est très motivant !

Travailler dur pour la victoire !

Tu es son mécanicien de course, quelle est la différence avec le mécanicien d'entraînement ?
NN : Le mécanicien d'entraînement échange beaucoup plus avec le pilote car tous les deux, ils passent la semaine ensemble. Je ne vois le pilote, que du vendredi midi au dimanche soir. Au niveau travail, c'est aussi prenant l'un que l'autre mais je dirais que j'ai plus de temps libre que le mécanicien d'entraînement quand il y a des week-end sans course.


As-tu déjà été mécanicien d'entrainement ?
NN : Oui. J'ai commencé en 2007 en m'occupant de 5 pilotes pour entrainement et courses. J'ai toujours fait les deux de 2007 à 2011.


Comment es-tu devenu mécanicien au sein du team Gariboldi ?
NN : J'étais auparavant dans un team français qui participait au championnat d'Europe avec Christophe Charlier en 2008, puis l'année d'après, il a eu une proposition de Giacomo Gariboldi pour refaire une saison d'Europe et je l'ai suivi.


Tu était le mécanicien de course de C.Charlier ?
NN : J'étais son mécanicien d'entrainement et de course de 2007 à 2009, puis seulement mécanicien de course en 2010, car il a souhaité s'entrainer en Belgique pour commencer les Grand Prix et là ça devenait compliquer de tout faire correctement.


Dix ans dans le même team, c'est plutôt rare ?
NN : Oui, c'est vrai c'est plutôt rare, mais cela prouve que mon équipe est sérieuse et motivée. Je pense que c'est ce que recherche les mécaniciens avant tout. La stabilité, mais les résultats aussi, bien sûr.

Nicolas et G.Gariboldi.*

Que faisais-tu auparavant ?
NN : J'ai terminé mes études de mécanique en juillet 2006, j'ai travaillé comme vacancier dans une concession Yamaha, puis j'ai enchainé des petits boulots jusqu'en janvier 2007. A ce moment-là, j'ai commencé chez MD Racing, jusqu'en 2008.


Comment t'es venue cette passion ?
NN : C'est mon père qui me l'a transmise. Il roulait et travaillait sur ses motos dans le garage de la maison. J'ai vite pris goût aux deux roues et surtout au tout-terrain.


Quelles sont tes missions pendant un week-end de Grand Prix ?
NN : Je prépare les machines de course, je conduis le camion depuis l'atelier jusqu'au lieu de la course. Le jeudi, je monte la structure sur place, le vendredi, je m'occupe des contrôles techniques et des derniers détails sur les motos. Le samedi, il y a les essais et les qualifications. Dimanche, c'est la course ! Lundi, je prépare la moto de course pour l'épreuve suivante et je démonte la structure. Mardi et mercredi c'est le transfert vers la prochaine épreuve et ainsi de suite.


Le camion en 2015.**

Tu ne quittes pas le circuit le dimanche soir ?
NN : Non, car soit il y a un Grand Prix le week-end d'après et on doit préparer la moto, soit on rente à l'atelier et on démonte la structure et cela prend 5h de travail.

La structure qui abrite le team, qui sera à démonter.**

Quelle pression ressens-tu lors les week-end de Grand Prix ?
NN : La pression est présente car l'enjeu est très important. Les Japonais se déplacent sur toutes les courses et veillent à ce que tout se déroule à la perfection. J'essaie de ne pas y penser pour pouvoir profiter de ma passion et me faire plaisir.

Se faire plaisir.*

Est-ce que le mécanicien d'entraînement t'aide ?
NN : Oui, il m'aide sur toutes les courses, en plus de mon aide mécanicien.


Que fait-il ?
NN : Il nous aide en échangeant avec le pilote sur des réglages qu'il aurait essayé la semaine, parfois. Il s'occupe surtout de l'organisation autour du pilote (équipement, lavage bottes et casques).


Qui est son mécanicien d'entrainement ?
NN : C'est le frère de Tim, Nejc Gajser.


T'arrive-t-il d'être avec le mécanicien d'entraînement pendant la semaine ?
NN : Oui cela m'arrive surtout en début de saison au mois de janvier où nous nous retrouvons pour les tests des nouvelles motos. On apprend ensemble les nouvelles évolutions et nous partageons nos expériences pour faciliter le travail.


Quelles relations as-tu avec les mécaniciens des teams concurrents ?
NN : J'essaie d'échanger un maximum avec les mécaniciens français du paddock, car étant dans un team italien, je dois parler leur langue, sans pour autant parler de moto tout le temps. Disons que les échanges avec les teams concurrents se limitent au bonjour et au revoir.


Ya t-il une "confrérie" des mécaniciens ?
NN : On ne peut pas parler de confrérie, mais on essaie tout le temps d'aider les mécaniciens qui se retrouvent sans travail pour la saison suivante en les aiguillant, trouver les meilleures places, etc...


Tu es basé en Italie, combien de temps y passes-tu ?
NN : Oui, l'atelier est basé en Italie. Quand on rentre des courses, j'y passe ma semaine avant de rentrer chez moi en France, pour le week-end de repos.


Depuis combien de temps es-tu le mécanicien de courses de Tim Gajser ?
NN : Je suis son mécanicien de course depuis novembre 2013, depuis ses débuts chez Honda.


Comment s'est passé l'adaptation entre un Français et un Slovène : pas de barrière de la langue ? ! ?
NN : Cela s'est très bien passé, parlant anglais tous les deux, nous avons pu échanger sans problème. J'essaie parfois de lui mettre des mots slovènes sur le pitboard pour lui faciliter la tâche.

Nicolas panneaute en slovène.***

Quels conseils donnes-tu à Tim Gajser ?
NN : Plus que des conseils, je lui dis souvent de rester concentré et de s'amuser au max sur la moto. Il y a déjà beaucoup de personnes autour de lui pour l'aider sur son pilotage...


Te demande-t-il des réglages très spécifiques ?
NN : Il est très exigeant sur son poste de pilotage, guidon et leviers mais au delà, rien de très spécifique.


La saison 2019 de Tim Gajser s'est très bien déroulée, qu'as-tu apprécié comme moments?
NN : J'ai particulièrement apprécié sa première victoire à Arco, après 2 manches de folie contre Tony, mais aussi le Grand Prix de Russie où nous avons obtenu la plaque rouge de leader provisoire et enfin le Grand Prix d'Imola où Tim a gagné son 3ème titre de Champion du Monde.
Tim Gajser à Arco.*Tim Gajser tape sur sa plaque en Russie qui va devenir rouge !*Le saut du titre !***

Y a t-il eu des instants un peu plus difficiles ?
NN : Il y a eu un moment difficile, c'était à Mantova où il tombe 5 ou 6 fois, rien que le dimanche dans une grosse boue, laissant des points au leader.


Quel Grand Prix as-tu aimé sur le plan de l'organisation, de l'ambiance, du pays ?
NN : J'aime assez le Grand Prix de Turquie, le voyage en avion est plaisant, nous montons une structure légère envoyée par caisse en avion. Le paddock et les aires de lavage sont très bien. L'hôtel est à 2 pas et il y a une bonne ambiance autour du terrain tout le week-end.


Le moins apprécié ?
NN : Je dirai l'Indonésie pour ses conditions de travail. Travailler sous des tentes avec 35 degrés et beaucoup d'humidité, c'est difficile. Et c'est surtout au niveau de la nourriture, où je suis malade régulièrement.


Nicolas en Indonésie, tout sourire !*

Le Grand Prix d'Arco était-il comme un Grand Prix à domicile pour vous et Tim Gajser ?
NN : Le Grand Prix d'Arco est un GP qui nous plait beaucoup, surtout car Tim se fait tellement plaisir tout le week-end devant son public. Il y a même un endroit qui s'appelle le virage slovène, là où tous les fans se regroupent !


Le virage slovène à Arco !***


Sais-tu s'il aimerait disputer un Grand Prix de Slovénie un jour ?
NN : Le motocross commence vraiment à se développer en Slovénie grâce à la popularité de Tim. Il aimerait y organiser un GP un jour. Affaire à suivre...


Pour toi mécanicien français, est-ce que le Grand Prix de France a une saveur particulière ?
NN : Oui car ma famille peut venir me voir sur mon lieu de travail, mais cela reste un Grand Prix comme les autres pour moi. J'aime surtout entendre l'hymne slovène sur le podium, cela prouve que l'on a bien travaillé.


Aimerais-tu être mécanicien d'un top pilote français au Grand Prix de France, pour vivre la ferveur des supporters français ?
NN : Peut-être pas sur un le GP de France, mais pour les Nations, ça doit être sympa.


A l'approche du Grand Prix de France, est-ce que Tim Gajser t'en parle un peu ? De l'ambiance, des fans ?
NN : Oui il aime l'ambiance qu'il y a au Grand Prix de France, même si les supporters sont principalement pour ses adversaires. Il dit que l'ambiance est incroyable, quand il passe sur la ligne droite !

Les supporters sur la ligne droite de St Jean.***

Quel est ton objectif pour la suite ? Combien de temps penses-tu exercer ce métier ?
NN : Mon objectif pour la suite serait de passer plus de temps avec ma famille, tout en travaillant de ma passion. Je ne sais pas encore pour combien de temps je ferai le mécanicien de course. L'avenir nous le dira...


Le début de la saison en Italie s'est plutôt bien déroulé, comment vois-tu la saison 2020 de Tim Gajser ?
NN : Il est vrai que le début de saison s'est très bien déroulé, Tim est serein et il se fait plaisir. J'aimerai évidemment que la saison 2020 soit comme celle de 2019. A nous de travailler comme il faut pour que cela arrive.


Riola Sardo : déjà des victoires en 2020 !.

Selon toi, qui seront les adversaires de Tim Gajser en 2020?
NN : Les principaux adversaires de Tim cette année, seront J.Herlings et A.Cairoli. La saison est très longue, celui qui fera le moins d'erreurs sera champion.

Focus sur la saison de GP 2020...****Prêts à fêter encore la victoire !Photos Nicolas Nogé, * P.Haudiquert, ** L'archiviste, *** R.Borak et **** Shauny MX photos.