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Interview exclusive

La chasse est ouverte

Beaucaire 1990

Elle ne s’arrêtera en effet qu’à la fin du mois d’Août, date à laquelle 3 nouveaux Champions du Monde se pareront de leurs lauriers fraîchement gagnés. En attendant de s’illustrer en GP, Leisk, Geboers et Puzar ont déjà mis en évidence leurs prétentions.




Puzar est déjà prêt !

Beaucaire, traditionnelle ouverture de la saison présente cette année encore un plateau d’une rare qualité. 1990 est marquée par un nombre impressionnant de changements de marques, de catégories et de l’arrivée de newcomers en provenance des USA. Ainsi donc, fraîchement débarqués et déjà auréolés de résultats flatteurs la semaine précédente aux Internationaux d’Italie, Donny Schmit (Suzuki 250) et Todd De Hoop (Kawasaki 250) viennent tenter leur chance en Europe. Du côté des Euros, justement, beaucoup de cartes ont été redistribuées : ainsi Strijbos (vainqueur ici l’an passé) fait maintenant équipe avec Evertsen au sein du team Moden Baden Kawasaki, managé par Gérard rond. Ils participeront respectivement aux GP 250 et 125. Chez KTM, Kurt Nicoll est revenu à ses premières amours pou les GP 500, tandis que Van Doorn assistera le Champion du Monde 125 Parker dans la catégorie 250. Enfin Puzar reste chez Suzuki mais monte en 250 aux côtés de Van den Berk (ce dernier absent à Beaucaire pour cause de blessure), Ljungqvist a définitivement abandonné Yamaha pour rouler Honda privée en 500 et le jeune Eckenbach monte en 250. Chez les Français, la mode est à la privatisation : c’est la première apparition du Team Suzuki-Elf Belval (125) Vimond (250) et la deuxième après Le Touquet du Team KGB Kervella-Guédard, qui roule Kawasaki 250 et est managé par Boniface.


Donc, nous voilà une fois de plus à Beaucaire. Entre autres traditions, ici, il fait beau. Mais vous savez ce que sait, tout se perd, et la journée se déroulera sous un ciel triste à pleurer. Ceci dit, on ne va pas à Beaucaire – seulement – pour se faire bronzer, mais aussi – un peu – pour prendre la température et juger de l’état de forme de tous ces fringants pilotes de GP.

Et cette année, au soir de la course, il ressort sans aucun doute possible que Puzar a bien été l’homme fort de la journée. Tombé au premier départ (un pilote a chuté devant lui), Alessandro est reparti sans frein avant, s’en est repris une autre, pour au bout du compte remonter à la dix-huitième place. Vainqueur autoritaire des deux dernières manches et malgré tout quatrième au général, le vice-champion du Monde 125 a impressionné son monde : «à l’année dernière quand il fut décidé que je passerais en 250, il était entendu que 1990 ne devait être qu’une année d’apprentissage. Aujourd’hui, vu comme j’ai roulé et vu mes sensations au guidon de cette moto, je pars maintenant pour le titre. J’ai touché la moto tout récemment, on est en pleine mise au point, mais le team est très efficace, tout a été pensé dans les moindres détails. VDB et moi avons chacun un mécano et Aldo (NDR son ancien mécano) supervise le travail. De plus Michele Rinaldi est évidemment toujours là en tant que team manager et il me donne toujours beaucoup de conseils».

Une chose est sûre, Puzar est un élève appliqué, et les autres sont prévenus, va pas falloir le prendre à la légère.



Sandro a terminé fort cette journée en remportant les deux dernières manches !


Autre challenger de poids, mais lui c’est en 500 qu’il évolue, Jeff Leisk s’est montré à Beaucaire un ton au-dessus de Geboers, excepté en troisième manche où il avoue «avoir eu un petit coup de fatigue».

Avec un score de (1/2/5) le voilà donc qui s’impose pour la première fois dans le Gard. Rien à voir avec sa prestation d’il y a un an sur le même circuit, et qui s’était réduite à une demi manche, bouclée en tête certes, avant d’abandonner pour la journée. Jeff n’était pas encore officiel Honda à l’époque, et après avoir sauté sa chaîne il avait préféré ne plus rouler de la journée, pour protester contre le manque d’assistance de Honda.



Jeff Leisk, vainqueur au général


Un an plus tard il remporte l’épreuve devant Geboers, devenu son coéquipier, puisque Jeff est pris à 100% par le HRC. La Geb, lui, une semaine après sa victoire au Touquet, a effectué une très bonne prestation, bien dans l’esprit «force tranquille» qui l’anime désormais depuis qu’il est le «Mr 875» du cross mondial.

Eric a déclaré être là «surtout pour la mise au point de la moto en vue de la saison de GP» mais on l’a revu sauter à nouveau le triple saut, à la grande joie du public. Comme ça, en début de saison, faut oser le faire, et ça prouve qu’il est en pleine confiance. Il sera là pour le titre…

Dommage tout de même que Dave Thorpe ait été absent (son matériel est arrivé trop tard) ainsi que Parker (luicourait le championnat d’Italie 500), il aurait été intéressant de les voir aux côtés de leurs adversaires sur leur nouvelle monture.

En dehors de ces trois hommes (Puzar, Leisk, Geboers) on a vu à Beaucaire un Liles plutôt convainquant et déjà affûté, un Donny Schmit vite mais peu chanceux (mauvais départs), un Kervella déjà bien familiarisé avec sa Kawa qui termine sixième et premier Français.



Yannig Kervella, meilleur français et déjà au point sur sa nouvelle monture


Dommage bien sûr que Jacky Vimond n’ait pu participer à la course, mais après une chute violente et un coma de 5mn aux essais chronos, Jacky a du arrêter là sa journée. Il est heureux en tout cas que cela ne se soit pas soldé par une blessure à un mois et demi du premier GP, et il devrait être en mesure de reprendre l’entraînement très bientôt.

Quelques déclarations d’après courses :

Jeff Leisk : « ici, je pense qu’une 250 est plus efficace qu’une grosse. C’est en effet quasi impossible d’utiliser tous les chevaux d’une 500. Ne me considérant encore qu’à 75-80% de ma forme optimale, je suis particulièrement content de mon résultat. Bien parti dans les deux premières manches j’ai bien roulé, alors que je me suis loupé au départ de la finale. J’ai donc assuré ma place sur le podium final tout en faisant gaffe de ne pas prendre de risques inutiles. Désormais domicilié Capbreton à côté d’Hossegor – j’entends l’océan de chez moi, c’est super ! – cette victoire sur le sol français me fait donc particulièrement plaisir. Je me sens si bien chez vous…Et puis, devant un plateau de ce niveau, cela te donne le moral pour la suite. Maintenant direction l’Italie pour la deuxième épreuve puis la finale des internationaux, avant d’aller à Genk.

Dave Strijbos : «Mis à part la première course où je suis bien parti, j’ai totalement loupé mes deux autres départs. Dans ces conditions, cela n’était plus possible de faire de bonnes manches. Je suis malgré tout content de mon résultat d’ensemble, n’ayant pas encore beaucoup de moto dans les bras. En effet cela ne sert à rien d’être prêt trop tôt. Pour moi, la saison commence véritablement le 22 Avril à Schwanenstadt. Ma préparation va donc aller crescendo jusqu’au GP d’Autriche. Il faut également que je m’habitue au pilotage de la Kawa, qui est totalement différent de celui d’une Suzuki. Actuellement je m’efforce d’ailleurs de donner un peu plus de souplesse au moteur en essayant différents pots et cylindres. Mais quelle partie-cycle pour autant de puissance !»

Donny Schmit : «Dis bien à tes lecteurs que j’ai disputé toute la finale sans frein avant (levier cassé) dans une chute). Car je suis certain que les spectateurs ne se sont pas rendu compte que je tournais pourtant dans les mêmes temps que Puzar. Enfin c’est déjà du passé pour moi. Je ne pense déjà qu’à prendre ma revanche dès dimanche en Italie.»




Donny Schmit, il va falloir compter avec lui


Voici les classements :



Source et Photos : Moto Revue n°2933 C.Batteux et P.Boulland