Perrin n'est pas encore Olaf, mais l'attaque est déjà là …
Les prétendants aux places d’honneur sont également fort nombreux à l’orée de cette saison, une rapide revue d’effectif s’impose donc.
Pilote expérimenté, grand amateur de machines exotiques (TGM et Giléra pour ne citer que les dernières machines qu’il a pilotées avec succès) et spécialiste de la catégorie 125 Alain Fura (le cousin de l’autre) s’est décidé à exporter son talent au niveau supérieur. Pour ce faire il dispose du soutien de l’importateur Maïco, dont les machines commencent à amorcer, il faut le dire, un sérieux déclin en terme de performances (et de succès commercial). D’ailleurs, Hans Maisch – de temps à autres - mis à part (et pour cause, il s’agit de l’entreprise familiale), il n’y a plus guère de pilotes pour faire briller la belle allemande au niveau international. C’est donc un double pari osé que tente le pilote picard.
Yamaha au Top en 1983
Yamaha a la cote en cette année 1983, et d’ailleurs nombre d’outsiders se sont tournés vers la marque au diapason pour s’assurer d’une saison aboutie. Ainsi Philippe Branlé, ex numéro 3 de la catégorie (en 81), au sortir d’une saison solide mais sans éclat chez les demi-litres (7ème 500 inter 82) et qui a délaissé sa KTM pour l’YZ. C’est un bon pilote, il faudra le surveiller. On trouve également sur la japonaise le nordiste Eric Dumont, pilier de la catégorie (4ème en 81, 5ème en 82) et capable de s’imposer dans des conditions favorables. A l’image de Gervaise, l’autre lorrain Jean-Michel Micard, auréolé de son titre chez les seniors en 82, va tenter de se faire une place au soleil chez les gros bras. On trouve aussi sur Yam, le solide Tony Demont, le vice champion senior 82 Philippe Lachaussée, et le francilien Didier Bachetta (10 ème en 82 sur une Aprillia) candidats plus ou moins déclarés au top ten final.
KTM, outre ses deux pilotes fanions, engagent 2 pilotes « support » : Le premier est l’expérimenté Vincent Chastenet, dont la carrière en 125 où il a figuré au rang des meilleurs Français ces dernières années a besoin d’être relancée après une saison 82 moyenne. L’autre pilote se nomme Olivier Perrin. C’est mon frère, il a 18 ans (ce qui est jeune selon les standards de l’époque) et a préféré passer directement du 125 junior (3ème en 82) au 250 inter où son gabarit semble plus adapté. Parallèlement Olive poursuit sa scolarité puisqu’il est pensionnaire dans l’un des rares lycées de la région qui acceptent encore sa turbulente présence au sein de leur établissement (il est en terminale). Il est évident que les séances d’entraînement à moto sont encore rares en dehors des week-ends à ce stade de sa carrière. Mais l’animal a un peu de talent et beaucoup de conviction et les cross inters auxquels il a participé en début de saison nous indiquent qu’il sera opérationnel pour jouer un rôle dans ce championnat. Le top ten, au minimum.
Husqvarna est en cette année 83 représentée par 3 pilotes confirmés : l’ex-champion senior 81 Gilles Friedrich, 7ème du précédent exercice, le parisien Hamard, rapide sur une 500 mais ralenti dans sa progression par des blessures, et enfin Eric « Fenec » Perrin. Cet autre frangibus sort d’une saison 82 misérable en 125 inter aux commandes d’une Husky aux performances CZesques. Pourtant elle avait une bonne tronche cette brêle équipée d’un refroidissement liquide pas encore de série…La 250 suédoise n’est peut-être pas la meilleure machine du plateau, mais elle devrait lui permettre de retrouver un classement plus en rapport avec son talent et son statut d’inter confirmé (7ème du 125 en 81, 10ème 250 en 79).
Il nous reste à parler de quelques candidats au top ten, comme Gérard Geille, 9ème du 125 en 82, sur l’une des rarissimes Honda du plateau, de Thierry Boulogne, 3ème du senior 82 et qui pilotera une 250…Cagiva ! Gilles Salvador est fidèle à Kawasaki. Enfin on peut évoquer les retraits de quelques animateurs du championnat 82 que sont Hervé Hittinger (6ème), Thierry Pourrère (9ème) ou Gilian Vanet (8ème).
La création des 3 catégories (125, 250 et 500) d’aujourd’hui
Il me reste à conclure ces quelques lignes en replaçant l’importance de ce championnat dans le contexte de l’époque. En effet si de nos jours, nombre de nos meilleurs pilotes sont absents des grilles de départ du championnat hexagonal, il n’en est pas de même à l’époque loin s’en faut. Du reste peu de pilotes ont pu embrasser une carrière en Grand Prix au point d’en faire leur objectif principal : Bruno, Vimond, Péan ou encore Patrick Fura. Pour le reste, les championnats inters, divisés donc en 3 catégories (125, 250 et 500) constituent donc un objectif sportif sans égal. Le reste de la saison est dédiée aux nombreux et parfois lucratifs cross internationaux qui sont disputés avec le plus grand sérieux et confèrent aux pilotes l’essentiel de leur notoriété (toute relative, certes). Il s’agit là du véritable gagne pain des pilotes inters, presque tous « privés », et qui leur permet de se frotter aux compétiteurs étrangers dans un format plutôt favorable (en général 3 manches de 20 minutes + 2 tours, contre deux fois 40 minutes plus deux tours en GP comme en championnat de France inter). J’insiste sur le caractère favorable du format, car à l’époque, rares sont les « petits Français » à pouvoir tenir 45 minutes à fond, a fortiori quand il s’agit d’affronter la silice flamande ou les chaleurs extrêmes de certains GP « sudistes » ou d’Europe centrale. Cependant, et aussi cruciale qu’elle soit, la saison de Mx inters ne débouche en aucun cas sur un classement consolidé officiel. C’est donc le championnat de France qui permettra de valider la hiérarchie sportive au sein de l’hexagone.
Une nouvelle ère pour le motocross
C’est dans ce contexte que certains constructeurs (enfin plutôt importateurs) concèdent quelques investissements pour renforcer leur notoriété au niveau national. Ainsi, nous venons de le voir, KTM dépêche une équipe composée de 2 pilotes officiels et 2 supports avec pour seul objectif de briller en France. Si Yannig Kervella ambitionne pour sa part de briller en GP, il s’agit là d’une démarche personnelle. Patrick Boniface, officiel au même tire que le Breton, n’envisage qu’une participation très épisodique aux GP (de mémoire, seul le GP de France figurera à son programme cette année là). Il en va de même pour l’immense majorité des animateurs des championnats de France.
Yamaha Sonauto (dont l’investissement principal repose depuis quelques années sur Jacky Vimond) soutient directement JP Mingels, mais sa campagne ne se limite pas au seul Motocross. Le Touquet, le Dakar et les premiers supermotards justifieront plus sûrement l’investissement consentis pour le pilote. Derrière, on compte nombre de pilotes évoluant avec le soutien de concessionnaires (Baron, Gervaise, Branlé pour ne citer que les plus prestigieux). Kawa, Suzuki et Honda n’affichent aucun soutien officiel.