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Interview exclusive

La 1ère victoire d'un Américain en Grand Prix !

Grand Prix Espagne 1973  250cc

Traditionnellement, le championnat du Monde de motocross en 250cc commence à Barcelone et, depuis 1969, le Grand Prix d’Espagne n’a cessé d’être un monopole belge (3 victoires de Robert et une de Geboers). Pourtant l’édition de 1973 promettait de nous apporter du nouveau et ceci pour diverses raisons :

la position prise en 1972 par Montesa avec Vehkonen, permettant d’imaginer un brillant comportement de la marque espagnole devant son public.

La présence de nouvelles machines officielles, confiées à de nouveaux pilotes.

Le passage ou le retour de vedettes de la classe 500 vers la classe 250.

L’enrichissement technique et sportif du plateau mondial en quart-de-litre.

Autant dire que la réalité a dépassé brutalement la fiction ! Et si la journée n’a pas rapporté à Montesa les lauriers que tous s’apprêtaient à lui tresser, la victoire de Bultaco dans la première manche avec Jim Pomeroy, la position de leader occupée au championnat du monde par cette firme espagnole, par ce nouveau venu, ont donné au Grand Prix d’Espagne une exceptionnelle dimension.

Pensez-donc ! Un crossman américain qui débarque pour la première fois en Europe, il y a quelques semaines et qui, tout-à-trac prend en défaut tout ce que le cross compte de super-vedettes en 250 cc ! La joie, l’émotion de M. Bulto, le constructeur de la Bultaco, faisaient plaisir à voir. Inscrire enfin une moto espagnole, la sienne, au palmarès des Grands Prix et réaliser cela dans la ville même oùest installée l’usine, quel rêve merveilleux il venait de vivre !

Mais, pour passionnante qu’ait été la victoire du jeune Jim Pomeroy (20 ans, originaire de l’état de Washington) et pour probante que se soit montrée en la circonstance la 250 Bultaco, ces deux facteurs ne résument pas tout ce que nous a apporté le Grand Prix d’Espagne. On doit aussi retenir l’impressionnante prestation du team Maïco avec Adolf Weil, un vétéran de 34 ans et Hans Maisch éblouissant d’un bout à l’autre pour ses débuts en championnat du Monde.

En bref, il est clair qu’avec les pilotes déjà cités dans ce texte, avec aussi Andersson et sa Yamaha, Mikkola et sa Husqvarna, Hansen et sa Kawasaki, Halm et Falta et leurs CZ, Moiseev, Rulev (KTM) et Kibirin (CZ), nous comptons cette saison autant de coureurs capables de remporter une manche de Grand Prix, performance depuis longtemps réservée aux seuls Robert et Geboers du team Suzuki.

Quelle évolution tout-à-coup !

Joël Robert, Sylvain Geboers… il est temps que je vous en parle ! Le second, je l’ai rencontré le 1er avril à Tarare, assistant en spectateur au Grand Prix de France 500cc. La jambe dans le plâtre, il n’envisageait pas de renouer avant au moins deux mois avec la compétition. Quant à Robert, le super-champion du monde avec six titres dans la poche, la conquête du septième maillot arc-en-ciel a bien mal commencé pour lui !

Nous l’avons vu faire le neuvième temps aux essais en 2’34’’06 contre 2’30’’03 à Andersson, 2’31’’07 à Jim Pomeroy, 2’32’’04 à Rulev et Kibirin, 2‘33’’05 à Falta et 2’33’’06 à Mikkola. Et nous l’avons retrouvé cinquième au début de la course, mais surtout incapable de revenir à toute allure sur ses rivaux. Enfin, nous avons noté son abandon à l’avant dernier tour de cette première manche, alors qu’il occupait la sixième position. Etait-ce le genou ? Non c’était l’amortisseur. La moto n’avait pas le punch habituel et surtout elle « avalait » tous les trous, toutes les bosses au lieu de les survoler ! On a donc changé cela pour la seconde manche, mais la journée devait tourner définitivement au désavantage de Joël qui, très mal parti se tordait le pied et revenait de l’hôpital avec les ligaments arrachés.

Pour finir, qu’ont fait les Français ? Exactement ce qui leur est demandé cette année : faire les deux manches en essayant de perdre le minimum de terrain, c'est-à-dire s’aguerrir, s’endurcir. Pour les résultats on verra plus tard. Dans l’ensemble, nos gars n’ont prit qu’un tour et pourtant à Barcelone, ça n’était pas du gâteau ! C’est ce tour qu’il leur appartient de combler en s’habituant à tourner vite et sans faiblir durant trois quarts d’heure. Dimanche, nos coureurs ont terminé dans l’ensemble assez frais, preuve qu’ils y parviendront avec un peu de persévérance.

LA COURSE, PREMIERE MANCHE

Andersson…Mikkola…Non, c’est Jim Pomeroy, le grand Américain sympathique qui se porte au commandement avec une autorité qui stupéfie les observateurs ! A l’attaque du deuxième tour (on en fera dix-huit), il a déjà une petite avance sur Andersson, Maisch, Mikkola qui, eux, maintiennent quelques mètres sur Joël Robert, Rulev, Schmitz, Halm, Hansen, Falta, Weil, Kibirin, Moiseev et Ribaltchenko restent en bonne position pour remonter. Uno Palm est assez loin avec son collègue de marque Everts et Vehkonen, espoir de Montesa, ne passe qu’en 19e position !

Au premier tiers de la manche, Pomeroy tient toujours bon, ayant réussi à faire le trou en tête. Il est vite, audacieux, efficace ! Mikkola a passé Maisch qui s’accroche. Robert ne parvient pas à refaire son retard, résistant pourtant à Hansen qui « pousse » dur ! Enfin Kibirin remonte jusqu’à son compatriote Rulev. Il faut attendre le huitième tour pour voir Maisch reprendre à Mikkola la troisième place, tandis que Schmitz recule peu à peu jusqu’à se retrouver onzième. Mais Maisch n’est pas au bout de son effort qui, de minute en minute, va le ramener sur Andersson qu’il passe et que déborde également Mikkola !

Au douzième tour, nous avons toujours Pomeroy en tête puis Maisch, Mikkola, Hansen qui s’est avancé de son côté, Robert… et Andersson attardé par une chute !

On voit en portant le regard un peu plus loin, pointer Weil qui entreprend un retour en force ! De seizième initialement, le voici dixième puis septième alors que Maisch met toutes ses forces dans une tentative pour rejoindre Pomeroy. A trois tours de la fin, l’écart n’est que de quatre secondes, mais l’Américain ne se laisse pas faire et remet la sauce lui aussi !

Joël Robert stoppe et c’est l’arrivée, un Pomeroy absolument pas marqué par l’effort, souriant, un peu confus d’avoir d’emblée mis au pas les as continentaux ! En seconde position Maisch qui s’impose d’autorité parmi les « grands », puis Mikkola, Hansen et Weil, auteur d’une fin de course comme on n’en voit guère ! Suivent Andersson, les Tchèques Falta et Halm, le Russe Ribaltchenko qu’on ne connait pas et finalement Vehkonen qui « prend » quand même un point.

Mikkola, Hansen, animateurs de la première manche

SECONDE MANCHE, LA VICTOIRE D’UN ANCIEN

On voit un instant le n°6 que porte la machine de Maisch, mais Moiseev (bris de chaîne dans la première manche) lui enlève le rôle de leader, suivi par Andersson (qu’une balle de paille avait fait tomber durant la course précédente), Maisch, Rulev, Weil, Schmitz, Falta, Everts, Gris (champion d’Espagne), Vehkonen dont ce n’est pas la fête, etc… Joël Robert dix-neuvième au second passage, s’arrête et va se faire examiner à l’hôpital.

Maisch recule un peu, revient aussitôt en troisième position et laisse passer Weil qui fonce comme un beau diable en direction du premier. Or le premier, ce n’est plus Moiseev, qui casse, mais Hansen ! Voilà bientôt Weil qui se pointe et qui succède au Suédois au septième tour, ce dernier ayant crevé !

A mi-course, on a donc dans l’ordre Weil, détaché, Maisch, Andersson, Pomeroy, Rulev, déjà loin, Everts en passe de marquer quelques points, Ribaltchenko et Vehkonen. Malheureusement pour lui et pour Puch, Everts fait une chute qui lui retire toute chance. Le Norvégien Funderud en fait une aussi, mais sérieuse et, touché à la tête est emmené à l’hôpital.

La fin de course voit Andersson débordé Maisch et Vehkonen passer les deux Russes Ribaltchenko et Rulev, que sur le tard, Kibirin mettra d’accord ! Et Gaston Rahier sauve l’honneur pour Suzuki en terminant dixième.

Hans Maisch, deuxième du Grand Prix

J’en terminerai en disant que ce Grand Prix d’Espagne s’est couru dans des conditions d’organisation parfaites. Le Moto-Club Diez por Hora, déjà connu pour son excellent travail, a encore amélioré les aménagements de la piste, les services d’information et la beauté du cérémonial de présentation des coureurs. Vrai, le Grand Prix d’Espagne est de ceux qui laissent un grand souvenir à tous points de vue !

Voici les classements :

Voici les classements :

1

Pomeroy.J

1

4

2

Maisch.H

2

3

3

Weil.A

5

1

4

Andersson.H

6

2

5

Mikkola.H

3

6

Hansen.T

4

7

Vehkonen.K

10

5

8

Halm.M

8

8

9

Ribaltchenko.E

9

7

10

Kibirin.A

6

11

Falta.J

7

12

Rulev.P

9

13

Rahier.G

10

Les Français

Combes.M

23

19

Vernier.J

22

25

Nowak.JC

35

22

Bontemps.JC

30

27

Aymard.H

29

30