Cooper Web
Interview exclusive

Mécanicien de Tom Vialle !

Quentin Motillon
Quentin et Tom : présentation saison 2019.

Motocross History : Depuis la réparation du moteur de la moto de Jordi Tixier au Motocross des Nations 2018, est-ce que le rêve continue ?
Quentin Motillon (QM) : Oui ! Je suis dans le plus gros team et je vis pleinement mon rêve !


Comment t'es-tu retrouvé mécanicien de Jordi Tixier au Motocross des Nations ?
QM : J'étais mécanicien dans le team VHR et mon pilote, Scotty Verhaeghe était blessé. Jordi Tixier devait arriver dans le team en 2019. Un jour, je suis arrivé et j'ai vu une 450. Bruno Verhaeghe me dit : "Jordi va participer au Grand Prix d'Italie". Nous avons donc démonté la moto pour la préparer et Bruno m'annonce : "On ne t'a pas tout dit, Jordi va aussi rouler au Motocross des Nations !"


Je suppose que cette passion ne date pas de 2018 ?
QM : Non, elle n'est pas venue par hasard. J'habite à Monaco, donc depuis tout petit, je vis avec le Grand Prix de formule 1, le rallye de Monte-Carlo, le karting. J'ai toujours été dans le milieu des sports mécaniques. J'ai été mécanicien en Superbike, puis j'ai voulu me spécialiser dans le motocross. C'est en roulant en motocross, que j'ai voulu travailler dans ce milieu.


Comment es-tu devenu mécanicien au sein du team KTM ? Qui t'a contacté ?
QM : J'avais fait un stage chez Bud Racing en 2017 et j'en avais profité pour discuter avec plusieurs teams. Puis j'ai intégré en 2018 le team VHR. En cours de saison, j'ai donné des CV à différents teams et à Assen, Dirk Gruebel est venu me voir pour savoir si je cherchais un team " Si oui, on se revoit plus tard." A Imola, KTM avait organisé une fête pour les titres de Prado et Herlings. Il m'a pris à part et m'a dit que : "Le poste de mécanicien serait pour un pilote français." Après le Motocross des Nations, à l'aéroport, Joël Smets m'a dit :"Félicitations de la part de KTM, garde ton téléphone allumé." Effectivement, le mercredi, j'ai reçu un appel de KTM avec une proposition de contrat !


Savais-tu que c'était Tom Vialle ?
QM : A Imola, non, car plusieurs pilotes français étaient susceptibles d'intégrer le team.


Aujourd'hui, tu es le mécanicien d'entraînement de Tom Vialle ?
QM : Oui, je suis son mécanicien d'entraînement et sur les courses inter comme Lacapelle-Marival, Hawkstone Park, les championnats italiens et hollandais.

Quentin et Tom à l'entraînement.

Quelle est la différence avec le mécanicien de Grand Prix ?
QM : Le mécanicien de Grand Prix, il ne s'occupe que du GP et de la moto de GP.

Les deux mécaniciens et Valentina Ragni entourent leur pilote au Grand Prix d'Allemagne 2019.

Es-tu présent sous l'auvent du team, lors des Grands Prix ?
QM : Oui bien sûr, mais pas pour les Grands Prix overseas. Et puis il faut que la moto soit prête pour l'entraînement, lorsque Tom revient du Grand Prix. En fait, c'est un faux week-end de repos, car je dois préparer la moto et ranger l'atelier. Mais cela ne me dérange pas du tout !


Qulles sont tes missions pendant un week-end de Grand Prix ?
QM : Je m'occupe de l'essence, je veille à ce que le filtre soit fait, j'aide le mécanicien de Grand Prix pour qu'il ait tout ce qu'il lui faut pour réaliser son travail. J'apporte la moto numéro 2 sur la grille de départ, l'équipement de rechange (roues, pot d'échappement, etc), je m'occupe des affaires de Tom, je nettoie ses bottes, je fais le lien entre le mécanicien de course et Tom.


Tous les pilotes ont une moto n°2 ?
QM : En général, oui. Jusqu'au sighting lap, le pilote peut changer de moto dix minutes avant la course.

Avant le départ. *

Raconte-moi une journée d'entraînement ?
QM : Il m'arrive de faire des journées de 7h à 23h. Nous arrivons tôt sur les circuits pour que Tom puisse bien s'entraîner. Tom va rouler entre une à deux heures, le reste c'est du travail physique en salle ou en extérieur. De mon côté, quand nous rentrons, je nettoie la moto, je la démonte, je la remonte. Enfin je m'occupe du camion. Les motos d'entraînement sont les mêmes que les motos de Grand Prix. Tom pourrait rouler en GP avec sa moto d'entraînement et de courses inter, c'est la même. On se déplace beaucoup en Belgique, en France, en Espagne. Par exemple là, on vient de passer un mois en Espagne.

Panneautage **.Le camion à l'atelier.La moto d'entraînement, identique à celle des Grands Prix.

Vous arrive t-il d'être sur un terrain d'entraînement avec un team concurrent ?
QM : Oui souvent quand nous sommes en Belgique. Il y a les teams Husqvarna, Kawasaki et Yamaha. C'est comme des mini-GP, on retrouvent presque tous les pilotes de la saison, ils se jaugent.


Quels conseils donnes-tu à Tom Vialle ?
QM : Je ne lui donne que des petits conseils. C'est surtout Joël et son père Frédéric, qui lui en donnent.

Repérages et conseils.

Comment se fait-il que Tom parte très bien ?
QM : Il n'y a pas que la moto, qui est très puissante et qui a des suspensions super dures. Il sait bien partir, il y a son poids qui est léger et il l'a travaillé quand il était plus jeune. Il a ça en lui.


Tu es basé en Belgique, l'adaptation s'est bien passée ?
QM : Ca c'est super bien déroulé, l'atelier est en Belgique, mais comme on se déplace beaucoup, je n'y suis pas tout le temps. Ce n'est pas comme à la maison, mais c'est tout comme. Avec le team on essaie de parler tous anglais, comme cela tout le monde se comprend. S'il nous manque un mot avec Tom, on se le dit en français.


La saison de Tom Vialle s'est bien déroulée, qu'as tu apprécié comme moments ?
QM : J'ai adoré le premier Grand Prix en Europe, c'était en Angleterre. Tom est monté sur son premier podium. Il avait déjà bien progressé. Et puis tous les GP ! La semaine on s'entraîne dur et sa progression a été énorme. C'est hallucinant !

La progression de Tom s'est traduite par un titre de "rookie of the year" aux MXGP awards.

Y a t-il eu des instants un peu plus difficiles ?
QM : Le Grand Prix d'Imola. Il a réalisé 2 DNF, mais ça lui a servi, car le week-end d'après il a bien rebondi en remportant le Grand Prix de Suède !


Quel Grand Prix as-tu aimé sur le plan de l'organisation, de l'ambiance, du pays ?
QM : J'ai bien aimé Loket. Comme c'était proche de l'Autriche, KTM avait organisé une fête avec les sponsors et les personnes du team.

A Loket.

Le moins apprécié ?
QM : Aucun.


Le Grand Prix de France a t-il eu une saveur particulière ?
QM : C'est toujours particulier, le Grand Prix à domicile. Il y a beaucoup de supporters qui t'encouragent, cela fait toujours plaisir, c'est unique comme ambiance !


Celui de 2020 a de bonnes chances d'être grandiose en MX2 ?
QM : On espère, on croise les doigts, on fait tout pour.


As-tu des contacts avec les mécaniciens des autres teams ?
QM : Oui énormément. Tout le monde se connait, c'est un petit milieu. Avec les mécaniciens français, on se fait un resto ensemble à chaque Grand Prix. On se voit beaucoup le jeudi et le vendredi, car mis à part les tentes à monter et les contrôles techniques, ce n'est pas très chargé comme journée. Parfois quand c'est boueux, on s'aide à pousser les chariots d'équipement.


Quel métier souhaitais-tu faire quand tu étais plus jeune ?
QM : J'ai eu plusieurs phases : pompier, mécanicien en formule 1, mécanicien de rallye.


Quel est ton objectif plus tard ? Mécanicien de Grand Prix ?
QM : C'était mon objectif au départ, mais après le début de saison, j'ai changé ma façon de voir l'avenir. Le métier de mécanicien d'entraînement est passionnant : on teste énormément de choses sur la moto, on a beaucoup plus d'affinités avec le pilote, car nous sommes ensemble tout le temps. Mon contrat a une durée d'un an. On se voit chaque année pour le renouvellement du contrat. Et information importante, le pilote donne aussi son avis sur la continuité avec le mécanicien.

Le duo à l'entraînement.**Quentin et Tom un duo qui fonctionne.**Prêt pour plusieurs tours d'entraînement.

Quel bilan tires-tu de cette saison 2019 ?
QM : Que du positif ! C'était un nouveau team, une nouvelle expérience, un nouveau pilote. J'ai énormément appris sur ce milieu, sur la moto. J'ai travaillé avec Tom, et humainement et sportivement, il est super ! Je suis content que cela se prolonge un an de plus !


Qu'attends-tu de 2020 ?
QM : Qu'elle se passe aussi, voir mieux bien sûr. Je souhaite que Tom décroche la première marche du podium final !

Voir loin... Photos Quentin Motillon, * RIDE MX, ** MX GRIETJE MX-PICS et *** MXGP