Cooper Web
Interview exclusive

Quentin Motillon nous raconte sa saison qui a abouti au titre mondial de son pilote

Un mécanicien Champion du Monde !
Quentin à côté de la plaque dorée !

Comment s'est préparée la saison 2020 ?

Après avoir terminé la saison 2019 à Grevenbroich en Allemagne lors d'un dernier test le 1er octobre, nous avons fait un break. Nous avons rapidement repris le travail en Novembre avec de l'entrainement en Belgique, puis en Espagne et dans le sud de la France. Notre première course de reprise à Hawkstone Park le 9 février s'est déroulée dans des conditions apocalyptiques.

Hawkstone 2020 !

"Ton premier Grand Prix" !

Le premier Grand Prix 2020 auquel j'ai assisté fut Valkenswaard et ce fut un moment inoubliable ! En effet, Tom a pris la plaque rouge après avoir remporté le GP ! Sur le coup, nous n'avons pas vraiment réalisé, nous étions juste heureux. J'ai adoré l'adrénaline présente lors des manches et le moment où il a passé la ligne d'arrivée. C'était la délivrance. Et aussi de voir la moto avec les plaques rouges...Je ne sais plus qui était le plus excité, Tom ou moi ! Par la suite, nous avons compris que la saison prenait une autre tournure, avec la pause dûe à la Covid et cela a été très frustrant.

La plaque rouge et le Grand Prix des Pays-Bas !
Le confinement ?

L'atelier a fermé la semaine qui a suivi le Grand Prix des Pays-Bas. Donc lors du confinement, je suis resté chez moi à Monaco. J'en ai profité pour passer du temps avec les miens, car lors d'une saison, on ne passe pas autant de temps avec eux. J'ai effectué quelques travaux dans mon appartement et j'ai aussi cuisiné de bons petits plats.


Comment s'est déroulé la reprise ?

La Belgique et la Hollande ont ré-ouvert petit à petit et nous étions autorisés à rouler mais avec des protocoles stricts. Nous devions réserver une place pour pouvoir rouler car un nombre restreint de pilotes était autorisé. Le port du masque était obligatoire et seuls Tom et moi étions autorisés à être-là. Pas de personne supplémentaire. Ensuite nous sommes allés participer au championnat de République Tchèque. Ca nous a permis de nous remettre dans une configuration de course. Ils ont des circuits magnifiques et lors de la première course, Tom a gagné et nous sommes repartis avec la plaque rouge. Nous n'avons rien essayé d'autres que des guidons. La moto étant déjà avec la dernière configuration technique, nous n'allions pas apporter de gros changements, alors que la saison était lancée.

Quentin panneaute Tom en République Tchèque.*
L'enchainement des courses avec les triples GP ?

Avec ces triples Grand Prix, pour nous mécaniciens d'entrainement, c'était un petit peu plus cool, car une fois les derniers entrainements faits, Tom partait pour la course du dimanche et celle du mercredi. On roulait une fois la semaine avec la moto de course pour la roder et vérifier le bon fonctionnement pour la course suivante du deuxième dimanche. Il a fallu enchainer les tests de dépistage PCR, avant et pendant les courses pour avoir accès au circuit. Chez KTM, nous étions fournis en kit de dépistages et tous les matins, nous allions tous nous faire tester. Lors des trois derniers Grand Prix en Italie, c'était très stressant, car le possible jour J approchait. Mais c'était aussi long et nous nous occupions en effectuant des sorties dans les montagnes et les lacs aux alentours ou faisant du canoë, tout en restant dans notre bulle KTM et en respectant les gestes barrières. A part cela, l'organisation était un peu plus simple, car il y avait plus de temps pour refaire la moto et nous n'avions à monter et démonter la tente qu'une seule fois.

Une saison masquée.
Le départ d'Arco ? !

Le départ d'Arco est juste époustouflant ! L'envie de montrer qu'une pénalité ne pouvait pas le toucher, l'a rendu tellement fort, qu'il a fait ce qu'il pouvait, en montrant à son rival au premier virage, qu'aujourd'hui, c'était LUI. Il a gardé un très bon rythme sans faire d'erreur. La tension était palpable, je croisais les doigts lors du départ. Et quand on l'a vu sauter la table en premier, on avait une sensation inexplicable, avec un grand soulagement.


Le Titre !
Le titre n'a été considéré comme acquis que lors du passage de la ligne d'arrivée de la première manche le 4 novembre. Le stress était présent à chaque manche, mais on n'en parlait pas entre nous. On peut dire que les nuits à l'hôtel ne furent pas remplies de longues heures de sommeil. Car en motocross, tout et possible : une chute, une blessure, un problème mécanique...
Malheureusement, nous n'avons pas pu célébrer le titre à proprement parlé dû à la Covid. A son arrivée de la manche, nous avions tous enfilé le tee-shirt "Champion du Monde" et lui avons offert une bonne douche au champagne ! Le port du masque était quand même de rigueur, mais le sourire était bien présent en-dessous.Champions du Monde ! ** Après cela, on ne devait pas se relâcher car il fallait vite laver la moto et la refaire en mettant les pièces faites spécialement pour l'occasion. La moto était juste magnifique !La moto nouvellement décorée. Une fois tout fini, nous avons pris un repas où seules les personnes du team étaient autorisées. La distanciation était prévue avec des vitres en plexiglas entre chaque personne à table. Malgré cela, l'ambiance était super et au rendez-vous !


Qu'est-ce que cela fait d'être mécanicien d'un champion du monde ? !

Le fait d'être mécanicien d'un champion du monde donne surtout un sentiment de satisfaction personnelle, mais cela ne me fait en aucun cas gonfler les chevilles. Quentin toujours aussi sympa !Je reste le même vis à vis des gens et cela implique aussi, que nous allons devoir encore travailler plus pour garder ce titre !Harrison Norton et Quentin Motillon ne vont pas lâcher la plaque du #1 !

Photos : Q.Motillon sauf * K.Dvorackova et ** R.Borak.