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Interview exclusive

Joseph Pilati
  • Johnny Pilati lors de la remise des prix du Championnat de France IPA.
  • Motocross History : Comment êtes-vous entré dans le monde de la moto ?Joseph Pilati (JP) : Par le biais de mon père, qui était coureur en moto de vitesse. Un jour, je suis allé au Merlan voir du motocross et j'y ai pris goût !

    Vous souvenez-vous de votre première course ?
    JP : Oui, j'avais onze ans. C'était une sorte de rallye organisé par le Motoclub Phocéen à Cuge les Pins. Je me rappelle que l'on devait traverser une rivière à sec. J'ai couru sur une Sachs 100. Le résultat ? J'ai pris la Coupe !!

    Vous apparaissez dans les classements des championnats de France entre 1961 et 1964, mais pas en 1963, que s'est-il passé ?
    JP : C'est normal, j'étais à l'Armée dans les marins pompiers de Marseille. J'ai participé au championnat de France Inter Police Armée (IPA). J'ai terminé vice-champion derrière JP.Clanet. Mais j'avais gagné le titre en 1962 en remportant cinq épreuves. C'était la première fois, qu'un marin remportait ce titre. Cette année-là, j'avais disputé la première épreuve du championnat de France 250 avant d'intégrer la Marine Nationale.

    On ne voit votre nom dans les classements des championnats, uniquement dans la catégorie 250cc. Avez-vous roulé en 500cc ?
    JP : Oui, en cross inter ou nationaux. Parfois je participais aux deux catégories ! J'avais une Aermacchi en 250cc, mais elle pesait 145 kg !! Pour les courses en 500, j'avais une Métisse : cadre Rickman, moteur Triumph, fourche Ceriani.

    Comment vous déplaciez-vous ? Avec les deux motos ?
    JP : Oui. Je m'y rendais avec ma voiture et ma remorque, sur laquelle, j'avais deux motos : une 250 et une 500.

    Quelle fut votre modèle préféré ?
    JP : Une moto dans chaque catégorie. L'Husqvarna deux temps était légère et facile à manipuler. L'Aermacchi quatre temps était agréable à piloter. En plus j'ai eu le dernier modèle avec le moteur Harley Davidson et ses lettres en relief !

  • L'ancienne Aermacchi de J.Pilati, en cours de restauration par H.Sabatier.
  • Avez-vous roulé à l'étranger ?
    JP : Oui, en Suède, Hollande, Belgique, Suisse, Tchécoslovaquie et Union Soviétique. Et oui, en 1965, je suis allé à Moscou avec les frères Portal ! 3450 kilomètres de voyage en trois jours et deux nuits !! Par contre, ne me parlez pas des courses. Je n'ai pas pu finir, mon moteur avait explosé. Et on m'avait volé mes vêtements. Quelle aventure ! Nous étions tous les trois dans la même voiture avec Denis et Gilles Portal. A un moment, avant le franchissement d'un pont, il y avait une différence de cinq à huit centimètres entre la route et le pont ! Malgré notre freinage d'urgence, nous avions explosé la 403 !

    Dans ces pays, vous avez roulé en Grand Prix ?
    JP : Oui, le Grand Prix d'URSS et de Suisse. Et puis bien sûr, le Grand Prix de France à St Quentin en 1965. J'avais terminé premier français à la onzième place.

    Avez-vous été sélectionné en Equipe de France ?
    JP : Oui, pour le Trophée des Nations en 1964 à Markelo et 1965 à Payerne. En Hollande, en première manche, j'étais parti aux alentours de la vingt-septième place et j'avais terminé trente-quatrième. Dans le sable, c'était dur. En deuxième manche, je n'avais roulé que cinq tours. Et puis, l'année d'après, à Payerne, après la première manche le Trophée avait été annulé à cause de la boue.

    Quels étaient vos circuits préférés ?
    JP : Celui sur lequel je m'entraînais, l'ancien circuit de Pertuis. Dès que la saison était terminée, je m'entraînais. Alors que lorsque la saison démarrait, j'avais moins le temps car on roulait les dimanches et les jours fériés.

    Vous avez eu une carrière assez courte, quelle en est la raison ?
    JP : Oui, c'est normal, je devais travailler. Il fallait poursuivre l'entreprise familiale. Nous sommes marbrier de père en fils. Je suis la troisième génération et j'ai plus de 70 ans !

    Avez-vous pu vivre un peu de votre passion ?
    JP : Je n'ai pas couru pour l'argent, mais pour la passion ! J'avais un peu d'aide : les bougies Marchal, l'huile Renault Ricin Plus. Je pouvais changer de moto chaque année. En 1961, j'ai acheté une Aermacchi, un million d'anciens francs (1 500€ environ), puis plus tard ma 403 Diesel, deux millions trois cent mille anciens francs (3 500 € environ) !

    Vous souvenez-vous d'une course en particulier ?
    JP : Oui, la Coupe de France 1963 ou Trophée du Président de la République. J'avais pu y participer car j'avais terminé deuxième du Championnat IPA. Cette course regroupait les dix meilleurs pilotes 500 inter et nationaux de la saison. Il y avait de la boue, c'était difficile, j'avais beaucoup chuté. J'avais terminé douzième devant de grands pilotes comme Robert Klym et Jean Hazianis.

    Avez-vous participé à des courses de motos anciennes ?
    JP : Non. Par contre une fois, en 1975, Yamaha avait organisé une journée d'essai. Les jeunes, ils sont tous restés derrière moi !!

    Dernière question. Votre prénom, c'est Joseph ou Johnny ?
    JP : Joseph. Johnny, c'est mon nom de guerre !! Ca vient du journal de Tintin. Johnny c'était plus moderne pour les courses de moto !

    Palmarès
    1961 : 7ème du Championnat de France 250cc National
    1962 : 10ème du Championnat de France 250cc National
    1962 : Champion de France Inter Police Armée
    1963 : Vice-champion de France Inter Police Armée
    1964 : 5ème du Championnat de France 250cc National

  • 1964, la meilleure saison en 250cc de J.Pilati.
  • Photos : Bataillon de Marins Pompiers de Marseille, Route et Sécurité n°53, archive Henri Sabatier, motorcycle-logos.com et Moto Revue n°1698, ** .