Le Motoclub Islois, à l'Isle-sur-Sorgue, aimable cité touristique provençale, est de ceux qui ne se découragent pas facilement. L'an dernier, nous avions vu une réunion de cross de bonne classe mais qui, venant au lendemain de la course de championnat du Monde à Pernes, voisine de dix km, avait eu fatalement à souffrir d'une si sévère concurrence. Cependant, cette saison encore, le MC Islois a voulu forcer la chance, en proposant un beau programme et en choisissant une date placée cette fois en début de calendrier. Hélas, le mauvais sort n'en a pas moins pesé sur cette entreprise : il a fait si mauvais, il a tellement plu qu'il a fallu annuler, alors que tout le monde était présent au parc !
Ce second coup n'a pas abattu l'énergie des dirigeants Islois qui, en dépit d'une situation financière devenue précaire, mais bien aidé par l'esprit coopératif de la plupart des coureurs, ont reporté leur épreuve à un peu plus tard au printemps. Or, si durant six semaines le beau temps avait régné de nouveau à l'Isle-sur-Sorgue, il a suffi que cette nouvelle date approche pour qu'une fois encore le ciel se couvre de nuées !
Orage la veille au soir, averses toute la nuit, averses encore durant la matinée réservée aux entraînements, cela n'a pas encouragé le public à se déplacer. Et pourtant, entre quatorze et dix-huit heures, le soleil a brillé de tous ses feux, sur le circuit de Souspiron et les deux courses se sont déroulées dans les meilleures conditions.
Non, décidément, le Motoclub Islois n'est pas favorisé dans sa tâche, une tâche qu'il accomplit pourtant avec beaucoup de compétence, avec beaucoup d'idée aussi dans la recherche des arguments, des éléments pouvant porter sur le public et le déterminer à assister au motocross. Espérons que tout ce dévouement, tout ce travail persévérant accumulé depuis plusieurs saisons en vue d'offrir une réunion digne de celles qui ont, dans le voisinage, accoutumé le public aux meilleures choses portera finalement ses fruits en 1965. Car en effet, le Motoclub Islois, nullement découragé par la série d'ennuis que nous venons d'évoquer, entend bien programmer l'an prochain sa manifestation, qu'il veut faire encore plus jolie, plus soignée, plus attachante parce qu'enfin, il n'y a pas de raison qu'après la pluie ne vienne pas le beau temps, qu'après l'effort n'intervienne pas la récompense.
Deux courses figuraient au programme. L'une en formule internationale comprenait un lot d'étrangers de bonne valeur mais que, théoriquement, nos meilleurs représentants devaient pouvoir combattre. Dans cette épreuve, pour machines de 500cc, quelques 250 dont les propriétaires avaient été jugés trop forts pour être placés parmi les engagés de la course nationale en petite cylindrée, où figuraient beaucoup de tout jeunes crossmen. La course inter n'a pourtant pas fourni de surprise agréable pour notre amour-propre national. Bert Lundin, frère du grand "Storken", s'est promené durant les trois manches sans avoir pour autant à s'employer sérieusement pour se libérer du lot de ses poursuivants.
C'est donc en arrière du vainqueur que c'est situé tout l'intérêt de la course, grâce essentiellement à cet extraordinaire animateur qu'est le petit Pedro Pi, très brillant espagnol parfaitement en valeur en toutes circonstances et devant n'importe qui. A l'Isle-sur-Sorgue, Pedro a tiré le maximum de sa fameuse Montesa 250 et a réglé par deux fois, pour la deuxième place, leur compte à des pilotes en 500cc, bien plus chevronnés que lui, mais moins riches de classe ou moins remplis d'ardeur au combat. Et seul un départ manqué dans la troisième manche l'a privé de la deuxième place au classement général.
Ce deuxième accessit est donc revenu au régional Marquez, bien connu et auteur d'une course honnête. Au quatrième rang, Paul Godey, qui étrennait sa 250 Husqvarna et qui, ne l'ayant pas très en main, n'en a pas moins fait bonne figure. Le Britannique Allen s'est classé cinquième, devant Pilati toujours malchanceux avec sa 250 Aermacchi, puis Jacquemin qui a terminé deuxième en finale mais avait perdu toute chance de bien figurer au classement général du fait de la chute survenue au début de la première manche et qui handicapa le Parisien sérieusement.
Vu encore, sur Wabeha 360, l'Allemand Heubach...que nous avons connu voici déjà quelques années, alors qu'il disputait les grand prix comme officiel de l'usine Est-allemande Simson. Depuis, Heubach s'est installé à l'Ouest et nous revient en tant que coureur privé.
En petite cylindrée, nous avons assister à la démonstration des jeunes mais déjà solides qualité de l'élève de Paul Godey, Jacky Porte. avec ses dix-sept ans et une demi-douzaine de courses derrière lui pour tout bagage, avec aussi, il faut le dire, une Huqvarna aussi neuve que celle de son maître, Porte a remporté les trois manches avec facilité, avec autorité, avec sûreté et brio. Ce garçon marquera un jour des points dans les Grand Prix, et bien avant d'avoir l'âge de la retraite !
Bonne réplique d'un autre jeune, le Marseillais Cervone, trois fois second et qui doit lui aussi faire une belle carrière une fois plus aguerri. Vous pourrez suivre en tout cas ces deux coureurs de près : ils vous procureront très certainement un bon plaisir sportif. Parlons encore d'un autre jeune, Bernardini. Il a de bonnes qualité, se livre sans mesure, tourne vite...et aurait pu finir le deuxième de cette course si son impétuosité ne lui jouait pas trop souvent de mauvais tours. Les jambes d'accord, Bernardini, mais aussi la tête, sinon les meilleures actions restent dépourvues de conclusion.
Voici les résultats
250cc
1) Porte.J (F - HVA) 3 pts
2) Cervone.D (F - Greeves) 6 pts
3) Annesi (F - Dot) 10 pts
4) Ruiz (F - Greeves) 14 pts
5) Bernardini.C (F - Greeves) 17 pts
6) Micheletti (F - Greeves) 21 pts
500cc
1) Lundin.B (S - Lito) 3 pts
2) Marquez (F - BSA) 11 pts
3) Pi.P (E - Montesa 250) 11 pts
4) Godey.P (F - HVA 250) 14 pts
5) Allen (GB - Triumph) 15 pts
6) Pilatti.J (F - Aermacchi) 19 pts)
7) Jacquemin.M (F - Monark) 21 pts
8) Heubach (D - Wabeha 360) 27 pts
9) Gigot (F - BSA) 29 pts
10) Méras.R (F - Mét Matchless) 31 pts
Source et photos : Moto Revue n°1696