Apparemment, Hallman était le mieux placé mais dans la première grande courbe à gauche, Robert se dégageait et prenait immédiatement la tête des 36 engagés. Dans le peloton des premiers, Bickers, Arbekov, Hallman, Clough, Valek. Un peu plus loin, mais encore très près Blomqvist, Dezhinov, Pedro Pi, Griffiths, Jonsson, Juha, Dobry, De Coster, Draugs. De dernier est bien mal parti, tournant peu en avant de Gilles Portal, Otto Walz est au vingtième rang, devant Pilar, Cervone, Denis Portal, Sanchez, Pilati, alors en vingt-sixième position, Clérici passe trente-deuxième, Yakovlev trente-cinquième et JC.Sauton ferme la marche.
La première action, dans le groupe de tête qui lâche progressivement le gros de la troupe , c’est Alan Clough, le co-équipier de Bickers, qui la conduit. Il passe Hallman que Valek dans le sillage du Britannique, passe à son tour. De son côté, l’espoir suédois Ake Jonsson refait quatre places en un éclair, au détriment de Griffiths qui progresse néanmoins devant Pedro Pi. La plus formidable remontée est pourtant signée Draugs : sept places en un tour !
Au cinquième passage, soit au quart de la course, Valke s’arrête, piston fondu ! Le Finlandais Juha, le suisse Hubler s’arrêtent également. En tête, Robert tourne très vite, sans pouvoir vraiment décramponner Arbekov, qui, dès le deuxième tour, a pris la place de Bickers, derrière le Champion du Monde. Le petit Anglais demeure troisième, bien soutenu par son équipier Clough, qui a maintenant la quatrième place devant Jonsson encore rapproché, Hallman qui s’est laissé passer par son jeune co-équipier, Draugs, Griffiths, Dezhinov un peu reculé. Pi qui s’accroche vaillamment en si belle compagnie, Blomqvist, Dobry moins en évidence qu’à l’entraînement, Storm, Pilar remonté de six places, Otto Walz, etc. Le premier Français est maintenant Pilati, qui a passé six adversaires en cinq tours et se retrouve pour le moment, vingtième.
Le duel est engagé pour la première place. Certes, Joël Robert tourne à l’aise, vite et très sûr en tête, mais Arbekov se maintient si près que rien n’est joué. L’on devine que l’as russe attend simplement que le temps passe pour porter son attaque.
Un qui va bien c’est Alan Clough Le train très rapide ne le gêne pas et, quand Bickers s’arrête avec un repose-pied cassé (trop de vibrations, sans doute sur la Greeves), c’est lui qui occupe la troisième place avec autant de brio que sont prédécesseur en montrait, l’instant d’avant !
Draugs, lui continue à tourner plus vite que tout le monde et, de quinzième au premier tour, on le voit occuper…la quatrième place au huitième passage ! Hallman a repassé Jonsson, Dobry a refait quatre places, Griffiths et Dezhinov ont cassé, Pilar s’est encore rapproché, Storm est à une dixième place satisfaisante, devant Blomqvist, Pedro Pi, Walz bien revenu. Enfin, Pilati continue à avancer, accomplissant un splendide effort solitaire qui, à la mi-course le ramène de vingt-sixième place à la seizième !
Cervone, guidon cassé, continue courageusement, Clérici, pas tellement à l’aise sur la Bultaco usine, a déjà pris un tour. Bickers repart, réparation faite, mais trop loin pour être désormais bien classé. Otto Walz continue à reprendre du terrain et, au quinzième tour, on le pointe dixième, tandis que Pilati a repris encore deux places et se trouve quatorzième !
J.Pilati terminera finalement la première manche 13è
Depuis un moment, plus rien ne change en tête. Le Danois Moeller et le finlandais Juha abandonnent et Cervone s’arrête, gêné par son guidon. Il repart néanmoins, ayant reçu consigne de terminer coûte que coûte. Mais alors que l’on aborde le dernier quart de la course, Arbekov bénéficie d’un des ces coups de chance comme il s’en produit quelquefois…et qui comporte naturellement leur poids de déveine pour l’autre partie !
Joël, qui n’est qu’à cinquante mètre en avant du Soviétique, fait tout à coup un double tête-à-queue dans la grande courbe qui suit la ligne d’arrivée. Miraculeusement, il ne tombe pas, ne cale même pas son moteur et repart, toujours en tête, avec seulement dix mètres d’avance sur Arbekov !
Ce dernier sent son heure arriver : il met les gaz, saute pratiquement toute la grande descente, accepte tous les risques (mais avec quel talent) et, au dix-septième tour, le voici qui fait hurler la foule : il est passé premier. A ce moment aussi, Pilar passe Dobry, le Norvégien Anderssen se hisse à la dixième place à la force du poignet et notre Pilati est arrivé à la dix-huitième place !
Mais ce qui compte, maintenant, c’est le combat terrible qui s’est engagé entre Robert et Arbekov. Ce dernier tient bon, se fait reprendre, repasse en tête encore en abordant le dernier tour. Les dix mille personnes, vociférant, dressées sur la pointe des pieds, tentent d’assurer un regard sur les derniers mètres du parcours.
Et voici la remontée côté route d’accès au Mont-de-Ville, voici le saut au grand tremplin, avec le Soviétique toujours premier, qui aborde à l’intérieur le virage « speedway », située tout juste avant la ligne d’arrivée.
Quarante mètres le séparent de la victoire…quarante de trop, car Joël Robert répétant son exercice de l’avant dernier tour et mettant à profit une erreur d’Arbekov, déborde celui-ci par l’extérieur , sort plus rapidement du virage à droite et coiffe son rival sur le poteau, de…cinq dixième de seconde !!
Arrivent, déjà loin, Alan Cough, Draugs, Hallman, Jonsson, puis à un tour, Pilar, Storm, Blomqvist, Walz, Andersen, Pedro Pi, notre très bon Pilati, le co-équipier de Robert, Marcel Wiertz,enfin à deux tours, Yakovlev (remonté de vingt places), Bulto, De Coster, Denis Portal, Sanchez, Clérici, etc…Cervone en dépit de son guidon de travers arrive vingt-quatrième et Sauton vingt-cinquième.
Source et photos Moto Revue n°1738 / RCD