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Interview exclusive

Un super crack : Joël Robert

Grand Prix France 1968 250cc (2/2)
La seconde manche est fertile en rebondissements : tandis qu’Arbekov file en tête après une brève explication avec quelques redoutables adversaires sur lesquels Hallman s’emploie bien vite à prendre l’avantage. Joël Robert part très mal, se situe à la quatorzième position et entreprend une remontée qui, pour être phénoménale dès les premières secondes de son exécution, apparait d’autant plus impossible à réussir que Andersson, Geboers, Bickers, Konecny sont parmi les hommes de pointe. Mais l’incertitude du sport joue : Hallman casse sa boîte après quelques tours, Arbekov reçoit une pierre en plein visage dans les premières minutes de l’épreuve. Andersson n’en est pas moins en tête, assez loin devant, et Geboers parait bien installé à la seconde place.



Dave Bickers et Sylvain Geboers

Cependant Joël Robert continue le forcing, grignotant quelques mètres à l’adversaire à chaque passage. Alors que l’arrivée est proche et que, sans doute, la fatigue se fait sentir chez les meilleurs, lui qui a pourtant mené la première manche de bout en bout, accélère encore l’allure, rejoint et passe Geboers ! C’est la victoire, une formidable victoire pour le Champion du Monde 1964 réellement dans son meilleur jour à Thouars. Car si Andersson (une graine de Champion du Monde à moins de 22 ans) remporte quand même la manche, Robert enlève le Grand Prix de France d’un point sur le jeune Suédois.

Dans cette manche encore, Joël Queirel a débuté en tête des Français. Porte l’a rejoint et passé, sans parvenir à se mêler au grand débat. Et cette fois, Gilles Portal a fini plus loin, malgré ses efforts évidents.

Commentaires

Dans l’état actuel des choses, la victoire de Joël Robert au Grand Prix de France, quatrième course des Championnats du Monde, amène un changement de leader, le super-man du cross belge menant l’affaire avec désormais 2 points d’avance sur Hakan Andersson et Sylvain Geboers.

Le premier, jeune inter suédois apparu depuis 1967 dans les grandes courses, reste cependant un candidat dangereux au titre mondial. De même, la position du nouvel as belge Geboers est-elle encore de celles qui permettent tous les espoirs. Ce sympathique et joyeux garçon (qui nous rappelle le très regretté René Baeten) est accrocheur, physiquement infatigable et sa constance dans les bons résultats est assez significative de son beau talent.

Olle Peterson, avec sa Suzuki d’usine expérimentale, fait excellente figure. Gare à cette machine, puissante et souple, quand elle sera tout à fait au point !



Olle Petersson saute un adversaire

La relève tchécoslovaque (des moins de 22 ans) a déjà marqué quelques points et Konecny, en tout cas a un bel avenir.

Enfin, on remarquera, pas loin des meilleurs, la nouvelle vague anglaise avec Davis et Wade, qui sur AJS et Greeves, font excellente impression.

Mais il reste une dizaine de Grand Prix à disputer. J’attendrai quelques semaines pour examiner la situation d’ensemble avec vous. Notez que de même que Hallman, toujours égal à lui-même, c'est-à-dire égal, sinon supérieur aux meilleurs, a crevé en Belgique, cassé le guidon en Tchécoslovaquie, et brisé sa boîte de vitesse à Thouars d’où un gros retard, déjà difficile à refaire sur Robert, Andersson et Geboers.

Côté français : mauvaise journée pour Porte, ceci ne signifiant pas que notre numéro un ne puisse pas marquer des points cette année encore au Championnat du Monde. Mais voilà , Jacky ne se mesure pas assez aux as étrangers dans les grandes courses, sur leurs circuits, là où ils sonnent plus d’eux-mêmes que sur n’importe quel circuit français dans des épreuves non officielles. Jacky est évidemment placé devant une alternative : écrasant tous ces compatriotes d’une supériorité manifeste, il lui est possible de monnayer largement cette situation, chez nous, un an ou deux. Et renoncer à ces possibilités matérielles privilégiées pour aller renforcer son talent à l’étranger (où il ne se situe pas parmi les grandes vedettes) est certainement beaucoup lui demander dans l’état actuel des choses.

Ici, il dépend de la Commission de Motocross de la FFM que les choses changent. La Commission, qui a compris le problème et en étudie la solution, a en vue déjà d’apporter dès 1969 les indispensables réformes.

Des réformes qui intéressent tous les jeunes dont le bout du nez a pointé depuis un an et qui, par exemple, permettraient à un Queirel d’aller toute une saison de Grand Prix au bout de ses intentions sportives. A un Quierel, et a bien d’autres, d’ici trois ans !



L'Equipe de France dans la parc fermé

Gilles Portal s’est montré courageux. Son frère Denis a été plus terne. Mais ces deux coureurs, parmi les meilleurs en France, conviennent d’eux-mêmes que pour eux le temps des Grands Prix est passé.

Lenoir, avec une CZ préparée à l’usine et livrée le matin même sur le circuit n’a pas été à l’aise. C’est compréhensible, on verra plus tard, quand il sera adapté à son nouvel engin.

Enfin, Cervonne…l’un des meilleurs Français en 250cc depuis quelques années, capable encore d’être cette saison le Champion de France dans cette cylindrée, le petit Marseillais n’a jamais été un coureur de Grand Prix, même à l’échelon français. Sur ce point, mon sentiment n’a jamais varié et, d’une année sur l’autre, l’évidence s’est confirmée. A quoi bon faire courir à ce gentil garçon des épreuves qui le paralysent ?

Voici les classements :





Source et photos : Moto Revue n°1887 / RCD