Jean-Michel Bayle à Arbis en 1987.
Motocross History : Comment es-tu entré dans le monde de la moto ?
Michel Moncler (MM) : Il y avait un motocross à Sourdeval et mes parents y étaient bénévoles. J'avais trois ans la première fois, mais j'avais eu peur du bruit des motos. Comme cela m'avait plus, j'y étais retourné, mais plus tard, pour assister aux courses.
A quelle course as-tu assisté en premier ?
MM : A Sourdeval bien évidemment, en 1961, mais je ne me souviens plus des courses. Mes vrais premiers souvenirs remontent à l'année 1966, notamment avec les side-cars. C'est la seule année où il y en a eu à Sourdeval.
Comment t'es venu l'idée de devenir photographe ?
MM : Pour garder des souvenirs. J'ai rencontré Jean Bougie, qui était journaliste-pigiste. Après un ou deux échanges téléphoniques, nous nous sommes vus au cross inter de St Lô en mars 1979. Jean avait contacté le club de Sourdeval pour nous proposer quelques pilotes autrichiens pour notre épreuve. Il m'a ensuite proposé de l'accompagner en septembre à la finale du championnat d'Angleterre, à Brighton, et le "courant" est bien passé. N'habitant pas très loin l'un de l'autre, des relations se sont nouées.
Lors de quelle course as-tu pris tes premières photos ?
MM : A Port sur Saône, en 1975.
C'est loin de la Normandie ! Pour quelle occasion t'étais-tu rendu là-bas ?
MM : Ma sœur habitait Mulhouse et j'y étais allé pour passer les vacances de Pâques. J'avais 17 ans. Une fois sur place, je me suis dit que j'irais bien à ce motocross.
Etais-tu professionnel ?
MM : Non, j'avais un métier à côté.
Pour quelles revues as-tu travaillé ?
MM : Moto Journal, Moto Tout Terrain, CET, les Cahiers du Cross, Moto Crampons. Là où nous allions avec Jean, pour assister à des courses, nous "couvrions" l'événement. Ensuite, nous envoyions un courrier ou nous appelions la rédaction ! Il n'y avait pas internet !
Sais-tu combien de photos as-tu prises ?
MM : J'ai pris a peu près 13 000 photos sur diapo, mais je n'en ai gardé que 9 500 environ, les plus utilisables. Je faisais développer les photos en couleurs chez un photographe, par contre j'effectuais moi-même les tirages en noir et blanc.
Avais-tu une préférence : départs, virages, sauts ?
MM : Non, pas de préférence. J'aimais bien avoir un échantillon de tous les pilotes, dans un esprit collectionneur.
Quels pilotes t'ont impressionné ?
MM : Pas vraiment de pilotes en particulier. J'étais plutôt amateur des pilotes belges, mais pas forcément les plus connus.
Pourquoi avoir crée Motocross France ?
MM : Avec Jean Bougie, nous avons toujours eu l'idée de faire un livre. En 1980, nous avions élaboré une maquette. C'étaient des feuilles perforées dans un classeur avec du scotch ! Notre première tentative "littéraire" n'a pas eu de suite, compte tenu du coût de production énorme qui aurait été à notre charge. Nous n'avions pas d'éditeur, mais nous avions fait faire un devis chez un simple imprimeur local...Nous rêvions !!! Par contre pour l'édition de 1986, nous avions rencontré Charles Corlet fin 1985. Le déclic par rapport au projet précédent est que C.Corlet était imprimeur et éditeur et qu'il aimait la Normandie. Comme Jacky Vimond avait été vice-champion du Monde, il y avait eu un enthousiasme. 3 000 exemplaires avaient été imprimés. Motocross France a été édité de 1986 à 1989. Par la suite, nous avons publié des livres : Album 1994, Album 1995 et Album 1996. C'est celui de 1994 qui a été le plus vendu, car il était en rayon à la FNAC. Enfin, nous avons publié Motocross Mag de 1997 jusqu'au premier trimestre 1998.
Qu'est-ce que c'est ?
MM : Cela veut dire Europe Cross Team. C'est une association de type Loi 1901 que l'on avait crée avec Jean pour la promotion du motocross. Cela permettait de couvrir les frais des photos. Nous ne l'avons jamais fait pour l'argent, comme cela nous n'avions pas de contraintes. C'était une époque où les agents de pilotes étaient en pleine activité : J.Van Tigelen, G et S.Regourd et d'autres. Nous avions 40 pilotes environ, avec une majorité d'Allemands et d'Autrichiens. Par exemple, H.Kinigadner, est venu pour la première fois en France pour un cross inter à St Lô. Nous prenions environ 5% des primes de départ. Nous étions également en contact avec Martin Bouw, un Hollandais. Jean l'avait rencontré sur les circuits aux Pays-Bas, lorsqu'il travaillait là-bas au début des années 80. Il s'occupait en amateur, comme nous, de contrats de jeunes hollandais et Jean l’aidait parfois pour des engagements en France. Nous avions crée des prospectus et un catalogue de pilotes. Jean m'avait contacté dès 1979 pour aller voir les championnats anglais. Nous avions noué des relations avec G.Mayes et P.Mathia. ECT a fonctionné jusqu'en 1993.
Aurais-tu aimé parcourir le motocross dans les années 50-60 ?
MM : Non, pour moi les grandes années sont allées de 1975 à 1985.
Quels étaient tes liens avec le MC Sourdeval ?
MM : J'ai participé à l'organisation dès 1977. J'avais carte blanche pour créer le plateau de pilotes. Une année, nous avons eu Van De Berk, Vekhonen, Van Doorn, Mortensen, Johansson, Kervella, Herring, Dack, Bervoets, Perrin, Guédard, Carlqvist ! Nous avons organisé aussi un Grand Prix, celui des 125cc en 1994, malheureusement sous la pluie !
Motocross Mondial : un grand projet ?
MM : Oui, avec Jean, nous avons toujours eu ce projet de livre. Nous avions préparé une maquette en 2003. Avec le recul, le livre aurait été un peu moyen (tout comme pour la première revue Motocross France !). Tout était presque ficelé avec les éditions Corlet. Mais chez Corlet, il y a eu un changement de direction et le projet a été annulé. Puis, nous avons eu l'opportunité avec l'imprimerie de Jean et son magazine équestre de terminer le projet de "Motocross Mondial".
As-tu d'autres projets dans le milieu de la moto ?
MM : Oui, nous rédigeons un livre qui s'appellera "Motocross France". Il traitera des courses en France : cross inter, championnats de France, Grand Prix et les Français à l'étranger.
Photos : Michel Moncler.