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Interview exclusive

Christian Vimond (2/2)
Christian en Grand Prix 500 !


En 1986, tu montes logiquement en 250cc, à quoi t'attendais-tu en terme de classement ?
CV : Comme je changeais de cylindrée, il y avait un réel engouement. Je m'attendais à un top 3 final.


Tu termines 2è, es-tu déçu ?
CV : Oui, on est toujours déçu quand on ne gagne pas. Ca s'est joué à la dernière épreuve. Encore !

La finale à Thomer.

En tant que Normand, pensais-tu avoir un avoir un avantage sur le terrain de Thomer, que tu connaissais peut-être un peu plus ?
CV : Je connaissais le terrain de Thomer grâce aux cross inter du lundi de Pâques, mais je n'étais pas forcément avantagé par cela. On ne pouvait pas s'y entrainer à l'avance.


Mais tu remportes le titre l'année d'après, à "la maison", très heureux ? ?
CV : Oui, c'était à St Lô. Finir la dernière épreuve avec beaucoup de spectateurs, c'était impressionnant ! On les entendait crier ! C'était chaud ! Sincèrement, si Yannig (Kervella) s'était rapproché dans le dernier virage, je ne sais pas ce que j'aurais fait par la suite. J'étais très content ! En cas de victoire, je n'avais rien prévu de spécial, car j'étais 2è au général avec 7 points de retard. C'était à celui qui finirait devant l'autre lors de la dernière manche. Jacky (Vimond), qui effectuait son retour en championnat de France, était parti devant. Ils nous avait laissés tranquille : "Tu te débrouilles !" J'avais un petit avantage car je connaissais bien le circuit visuellement. Mais comme à Thomer, l'année d'avant, tu ne pouvais pas rouler sur le circuit avant. Ce jour-là, j'étais fougueux et les encouragements de la foule me portaient !

Christian vole vers le titre !*

Le duel a été très intense jusqu'à la dernière épreuve ?
CV : Oui, encore un ! Tu as vu !

Christian franchit la ligne juste devant Yannig !**

Comment a-t-il été possible d'organiser un motocross gratuit ? ?
CV : Le club de St-Lô se portait bien. Comme c'était la finale du championnat, que c'était le retour de Jacky, mon père s'est dit que faire venir le maximum de monde amènerait de l'ambiance ! "On se débrouillera avec la buvette" ! En plus il a fait beau. Ce fut une belle fête !


En 1989, tu passes en 500cc, pourquoi ?
CV : Comme j'avais fait un peu le tour en 250cc, j'avais envie de monter dans la catégorie supérieure. Comme beaucoup de pilotes, j'ai fait le tour de toutes les catégories.


Quelle cylindrée as-tu préféré ?
CV : C'est difficile à dire. J'aimais bien la 125. La 500 était sympa aussi. Récemment, j'ai participé au rassemblement Moreau et j'ai roulé avec une 500. Je me suis dit, comment on pouvait rouler avec ces motos à l'époque ! Avec les 125, on se battait quand même avec la moto !


1990-1994, tu termines entre la 6ème et la 25ème place selon les années, c'est difficile à la fin de sa carrière ?
CV : La fin est toujours dure. Tu te dis que cela t'a pris pas mal d'énergie. L'autre jour, j'ai retrouvé dans mes archives, le cahier sur lequel je notais le nombre de cross par année. Ecoute :
1979 : 22 courses
1980 : 45 courses
1981 : 28 courses
1982 : 37 courses
1983 : 38 courses1983 : 2ème saison avec le plus grand nombre de courses.
1984 : 37 courses
1985 : 32 courses
1986 : 29 courses
1987 : 28 courses
1988 : 30 courses
1989 : 31 courses
1990 : 24 courses
1991 : 18 courses
1992 : 25 courses
1993 : 24 courses
1994 : 7 courses
1995 : quelques enduro en Normandie pour le plaisir !

1990 à Brou.

Tu n'as pas trop roulé en supercross ?
CV : C'est simple. Je me suis blessé à la première épreuve en 1987 à Reygades et je me suis arrêté là ! Je n'avais pas de terrain d'entrainement, pas d'expérience, pas une grande réussite et puis les primes du championnat n'étaient pas intéressantes. Bon, j'ai quand même roulé à Bercy en 1984 et 1986, mais je n'ai pas passé le cap des séries.

Christian à Bercy ! *

As-tu roulé dans d'autres disciplines ?
CV : Oui, j'ai participé à des supermotards à Carole et Ledenon. J'ai roulé au short track de Charlety, au Touquet, au bol d'Or avec C.Bayle et P.Demaria, aux 24h de Bretagne. J'ai même fait des essais pour la Baja en remplaçant éventuel de G.Lalay, s'il n'y participait pas.


Laquelle as-tu préféré ?
CV : Les 24h de Bretagne pour la gestion de la moto et le côté endurance. J'ai gagné le bol d'Herbe à Gaillefontaine en Juillet 1983. Chabannel s'était blessé, nous avions fait la course à 3 relais et non 4 ! Au bol d'herbe.Le moins bien c'était le bol d'or et le supercross. Et ça ne me plait toujours pas. Même quand je suis allé aux USA pour voir du motocross et supercross, et bien, même Anaheim ne m'avait pas emballé !


T u te souviens de ton premier Grand Prix ?
CV : Oui, c'était à Lavaur en 1982, et je m'étais qualifié ! J'étais stressé, excité. Il fallait que l'on passe par les qualifs et quand tu réussissais, tu étais déjà content !


Et ton premier GP dans les points ?
CV : Ca doit être en Hollande en 1985 en 125cc. J'avais terminé 3è de mon groupe de qualif, derrière 2 avions finlandais, Kouki et Vehkonen ! Il avait plus pendant la nuit, le terrain était difficile le dimanche. Je termine 10è de la 1ère manche. J'avais cassé dans la 2nde.

Les premiers points en Grand Prix : Oss (NL).***

As-tu participé à une saison complète ?
CV : Non, je ne roulais pas à tous les Grands Prix, principalement pour une question de budget et car certains Grands Prix étaient trop lointains. Je me qualifiais presque toujours, mais une fois en course, je me mettais trop de pression. J'ai dû terminer au mieux entre 7è et 15è.


Quel est ton meilleur Grand Prix de France ?
CV : Je me souviens de St Jean en 1989 avec la 500. J'avais pris la roue de Jacky et j'avais un bon rythme. J'ai terminé 7è de la première manche. C'était un Grand Prix difficile dans la boue, avec la pluie, glissant. Mais j'aimais bien ce temps. Ca doit être de famille, car Denis aimait bien, Jacky aussi. Peut-être parce que l'on est originaire de Normandie ! J'avais bien aimé Salindres en 1988. J'avais pris un bon départ en seconde manche et j'étais resté dans les 4 premiers pendant ne quinzaine de minutes. On avait eu de la chance de nous entrainer un peu avant sur le circuit. C'était une aubaine pour nous car c'était un terrain dur du sud sur lequel on avait pu un peu se familiariser. Enfin, Thomer en 1985. J'avais pris un bon départ en première manche et terminé dans les points, 14è. En seconde manche, j'étais bien remonté d'au delà de la 20è place jusqu'à la 15è. Un dernier mot sur un autre GP, mais qui n'était en France, c'est celui d'Allemagne en 1986. En première manche j'avais M.Rinaldi derrière moi et je me suis donné à fond pour qu'il ne me passe pas. Cela pouvait augmenter l'écart entre Jacky et lui et être ainsi titré !

1989 St Jean.*1988 Salindres.*1985 Thomer la Sogne.*

Tu préférais rouler en Grand Prix ou en cross inter ?
CV : J'avais moins de pression en cross inter. Je me qualifiais presque à chaque fois pour le Grand Prix, j'étais satisfait. Mais pour les courses, je n'avais plus la gnaque ! Je me souviens, une fois après le Grand Prix de Finlande, j'étais resté avec Jacky, qui effectuait des tests chez Ohlins en Suède. Je m'entrainais avec K.Nicoll et j'étais proche de ses temps. Et bien je ne me suis pas qualifié au Grand Prix de Suède !


Tu as eu plusieurs sélections au Motocross des Nations et à la Coupe des Nations, quel sentiment cela t'a t-il procuré ?
CV : Comme tous les pilotes qui roulent aux Nations, une fierté. Pas parce que ce sont les Nations, mais parce que c'était une sélection en équipe de France.


En 1985, c'est le MXDN nouvelle formule, avec une équipe 100% normande, Jacky et Olaf. Etiez-vous allés ensemble ?
CV : Non chacun de son côté. Ce n'était pas comme maintenant. On dormait dans la caravane, pas à l'hôtel !


Vous étiez-vous entrainés avant ?
CV : Non rien de spécial.


Quels effets cela t'a t-il fait d'être 61 pilotes derrière la grille ?
CV : Comme cela rien, car je ne me remémore être en 2è ligne. En tout cas, je n'ai pas dû faire le meilleur score !


En scratch, tu termines 32, 35 et 27 pour une 9è place individuelle en 125cc.
CV : OK.


En 1986, les USA sont au-dessus du lot. As-tu pu discuter avec J.O'Mara près ce fameux départ ?
CV : Malgré mon bon départ, je n'ai pas tenu. Après qu'O'Mara m'ait doublé, je suis resté dans les 5 et je me suis accroché. Je me souviens que Rinaldi m'avait dépassé. A ce moment-là j'entendais les cris des supporters italiens ! Non je n'ai pas pu discuté avec O'Mara après. De toute façon, c'était un peu la forteresse, le team américain !

La tenue de Christian à Maggiora en 1986.****

Auparavant, tu avais déjà été sélectionné en Equipe de France, pour la Coupe des Nations en 1983. Te souviens-tu des courses ?
CV : Je ne me souviens pas de cette course !


Tu termines 2è en individuel et 1er par équipe de la finale B. Il y avait O.Robert, JC.Ressegaire et P.Perrier. C'était à Roggenburg en Suisse.
CV : Ca ne me dit rien !


As-tu roulé derrière le rideau de fer ?
CV : Oui en Tchécoslovaquie.


Avais-tu pu discuter avec des pilotes de l'Est ?
CV : Non, on ne pouvait pas les approcher.


Comment s'était déroulé le voyage ?
CV : Le voyage ça allait. Par contre, une fois rentré dans le pays, c'était impressionnant de voir les militaires avec les mitraillettes ! Ils ne rigolaient pas !


As-tu couru aux USA ?
CV : Oui en 1985, quand Jacky m'avait emmené. J'avais roulé un peu à la Golden State. C'était une série de début de saison. Les circuits et l'ambiance étaient différents qu'en Europe. Quand je suis arrivé sur le premier circuit, je voyais des Olaf partout ! Les pilotes en voulaient à mort, ils te rentraient dedans ! Je n'avais pas roulé tout le mois car je m'étais fait une entorse. Si je me souviens bien, lors d'une épreuve, le samedi les pilotes tournaient dans un sens et ceux des autres catégories du dimanche roulaient dans l'autre sens. Nous étions restés un mois. Mis à part Disney World et Palm Springs, nous n'avions pas fait de tourisme.


Quel était ton circuit préféré en France ?
CV : St Lô. J'aimais bien les grands circuits roulants.


Et à l'étranger ?
CV : J'aimais bien la Tchéco. Il y avait de bons circuits avec de la bonne terre. Pas comme en Espagne ou en Italie, où les circuits étaient durs.

Vue du circuit de Dalecin en "Tchécoslovaquie".*****

Dans quels pays étrangers aimais-tu aller ?
CV : J'aimais bien la Tchécoslovaquie. En plus je passais par l'Autriche avec ma caravane, j'aimais bien les paysages, la route.


Avais-tu des pilotes-amis étrangers ?
CV : Non.


Ya-t-il un pays où tu regrettes de ne pas être allé rouler ?
CV : Non, car j'ai pratiquement roulé dans tous les pays d'Europe.


Qui fut ton adversaire ?
CV : Yannig.


Quels étaient tes forces ?
CV : Les départs.


Qu'aimais-tu travailler à l'entrainement ?
CV : Rien de spécial. J'enchainais les tours. Je n'ai jamais été un féru d'entrainement. Physiquement, je faisais du footing et de la musculation. J'avais un ami kiné qui me suivait.


Que fais-tu maintenant ?
CV : Je travaille dans les travaux publics.


Etais-ce la bonne époque ?
CV : Oui, je pense. Au niveau des circuits, ils étaient naturels. Est-ce que les pilotes allaient plus vite ? Je ne saurais dire si Malherbe, Geboers, Jobé étaient plus ou moins vite que Cairoli, Paulin ou Febvre actuellement. En Tchéco, il y avait de l'herbe sur les circuits, aujourd'hui, ils sont tous un peu formatés. J'avais pu accompagner Jacky en Irlande, ça m'avait bien plu.


Photos : P.Haudiquert sauf * M.Moncler, ** Thump, *** P.Massias, **** C.Vimond et ***** www.mxdalecin.wgz.cz.