Q : De quand datent vos débuts ?
R : Mes parents avaient une ferme en périphérie d’Uppsala et mon frère avait construit une piste. Mon père avait un petit atelier de mécanique chez nous et nos amis venaient faire réparer leur moto, voiture, tracteur. J’ai vécu dans les cylindres, les pistons et les chaînes de toutes sortes ! Puis mon frère, Hans, qui faisait de la vitesse, m’a emmené à Hedemora où j’ai pu me promener dans le paddock !
Voici mes premiers contacts avec la moto. Sinon en vrai, c’était en 1951, un jour mon frère et un de ses amis s’absentent. Avec un copain, on a hésité que quelques secondes à leur emprunter leur moto. On a observé la position des motos afin de les remettre à l’identique. On a fait quelques tours, repositionné les machines, mais on avait oublié de fermer la bougie. On s’est fait attrapés !!Plus tard, j’ai eu un DKW 98 à 3 vitesses puis une 125 Royal.
Q : Où et quand avez-vous roulé pour la 1ère fois en compétition ?
R : Au printemps 1957. On était une bande de 10 copains à rouler ensemble, je me suis dit que je pourrais courir en compétition. J’ai pris ma licence et me suis inscrit à un enduro « The Nyman Trophy ». Le but était au départ de finir le meilleur classé d’entre nous, sans regarder rouler les pilotes les plus expérimentés. A la fin de la course, je me suis dit que je n’avais pas du mal rouler…et en nous racontant chacun notre course, je me suis aperçu que j’avais battu mes amis. Finalement j’ai terminé 5ème !
Q : Quel fut votre sentiment d’avoir été le premier Champion du Monde 250 cc ?
R : J’étais champion du Monde pour la 1ère fois de ma vie !! Tous les sacrifices et le dur travail m’avaient apporté la douceur de la victoire…Le rêve était devenu réalité, mais c’est plutôt difficile d’expliquer les sentiments que l’on ressent dans une telle situation, mais je peux vous assurer que c’est très agréable !
Q : Vous avez remporté le titre mondial en 1962 en Suède, comment était la foule et les fans ?
R : C’était un jour de pluie et à ma surprise 12 000 personnes étaient venues assister au Grand Prix, surtout car la course avait lieu à Enkoping. C’était une petite ville située à 45 km de chez moi. Du coup beaucoup d’amis et de fans sont venus. Pour moi, c’était une fantastique sensation d’avoir énormément de supporters autour du circuit, « m’aidant » à battre Jeff Smith !
Q : Je suppose que vous avez été heureux d’être sacré lors du Grand Prix national ?
R : Bien sûr. Rolf Tibblin était là aussi. Il était aussi pilote Husqvarna et était déjà Champion du Monde (mais en 500cc). Il avait eu une recommandation de la part de l’usine pour essayer de m’aider. J’ai été très fier de tous mestrophées gagnés cette année-là.
Q : Qui a-t-il été le plus dur à battre Smith en 1962 ou Valek en 1963?
R : Jeff Smith. Il a essayé de me battre avec toutes ses forces. Après le doublé de Bickers en 1960 et 1961, Arthur Lampkin et lui pensait pouvoir remporter le titre. Ce fut de sérieux adversaires. En Allemagne de l’Est nous avons eu un accrochage et si tôt le drapeau à damier, Jeff a foncé tout droit sur moi ! Il était juste furieux !!
Vlastimil Valek n’a pas eu de chance, j’ai réalisé ma meilleure saison.
Q : A-t-il été difficile de perdre le titre en 1964 ?
R : Oui. Après une telle saison à succès, j’étais presque sûr de devenir le 1er homme à décrocher 3 titres, qui plus est consécutivement. J’étais en forme et j’avais la ferme intention de poursuivre ma lancée victorieuse. Mais rapidement j’ai du revoir mes pensées optimistes. J’ai eu plusieurs pannes mécaniques. Sans cela, je pense que j’aurais pu gagner !
Q : Votre rivalité avec Joël Robert fait partie de l’Histoire du motocross, qu’en était-il ?
R : Je ne saurais dire combien de courses nous avons roulé roue dans roue ni personne d’ailleurs. Il y en a eu tellement !! Des fois ce fut lui, d’autres moi. Il y a eu des écarts en dixième de seconde entre nous deux et il y a eu des courses où nous pouvions rouler pendant quelques tours côte à côte. C’était assez fantastique comment nous nous battions l’un contre l’autre et cela m’a permis de collectionner (et sans doute à Joël aussi) de très nombreux souvenirs !
Joël et moi avons été de grands rivaux sur la piste, mais en même temps après la course, nous nous sommes tellement amusés et étions très bon amis !
Q : Pourquoi n’avez-vous roulé qu’en 250 en championnat du monde ?
R : Parce que l’usine Husqvarna souhaitait me voir dans cette catégorie.
Q : Avez-vous eu des possibilités pour rouler en 500 ?
R : J’ai couru beaucoup de courses en 500cc, du fait que j’étais membre de l’équipe suédoise au Motocross des Nations à 3 reprises.
En 1963 je menais la finale, mais ma moto s’est arrêtée à cause d’eau dans l’allumage.
En 1966 je menais le Motocross des Nations à Rémalard quand ma chaîne s’est cassée !
Et en 1967 à Markelo, je me battais avec Paul Friedrichs pour la victoire et nous allions mettre un tour à l’un de ses compatriotes, seulement ce dernier n’a rien trouvé de mieux à faire que de me couper en deux, provoquant une grosse chute. J’ai été vraiment malchanceux lors des Motocross des Nations !
Paul Friedrichs
Q : Avez-vous roulé en Grand Prix 500 ?
R : Non, car une règle de la Fédération Suédoise stipulait que nous choisissions une cylindrée en début d’année et ne nous autorisait pas à en changer au cours de la saison.
Q : Quelle fut votre dernière année complète en Grand Prix ?
R : 1968 fut ma dernière année. En 1969 et 1970 j’ai eu des problèmes de dos et je ne pouvais pas courir toutes les courses et certainement pas avec tous mes moyens physiques. En 1971 je n’ai participé qu’à deux Grands Prix : aux Pays-Bas que j’ai terminé à la 6è place et en Suède, mais ma moto a cassé. En 1972, j’ai commencé à mettre au point la 1ère Yamaha YZ ; mais elle ne fut pas prête avant la moitié de la saison et le Grand Prix des Pays-Bas.
Q : Combien de titres suédois avez-vous décroché ?
R : 4 titres en motocross 1961, 1962, 1963 et 1965. Plus un en enduro en grosse cylindrée en 1969.
Q : Avez-vous roulé contre B.Nilsson, S.Lundin et R.Tibblin ?
R : Bien sûr !! Beaucoup, beaucoup de fois !
Q : Etiez-vous amis ?
R : Ils étaient tous mes amis et le sont toujours ! Nous nous rencontrons tous ensemble régulièrement !
Q : Qui fut vos plus coriaces adversaires ?
R : Joël Robert !!
Torsten et Joël
Photos : archives T.Hallman avec son aimable autorisation